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L'administration Trump fait appel du blocage du décret migratoire

Donald Trump et sa femme Melania.

Donald Trump et sa femme Melania. - MANDEL NGAN / AFP

Le département américain de la Justice a fait appel samedi soir de la décision d'un juge fédéral bloquant l'application du décret migratoire signé il y a huit jours par Donald Trump et rouvrant les portes des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans.

Donald Trump ne décolère pas. Le département américain de la Justice a fait appel samedi soir de la décision d'un juge fédéral bloquant l'application du décret migratoire signé il y a huit jours par le milliardaire et rouvrant les portes des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans.

"Parce que l'interdiction (pour les ressortissants de sept pays musulmans d'entrer aux Etats-Unis, ndlr) a été levée par un juge, beaucoup de personnes mauvaises et dangereuses pourraient se déverser dans notre pays. Une décision terrible", avait tweeté peu auparavant le nouveau président américain.

L’homme d’affaires avait ensuite surenchéri en estimant dans un autre tweet que "les méchants étaient très contents". Après l'annonce de l'appel par son administration contre l'injonction du juge fédéral, il a déclaré à des journalistes: "Nous gagnerons. Pour la sécurité du pays, nous gagnerons".

Une décision "ridicule"

Le juge fédéral de Seattle James Robart avait émis vendredi soir une injonction temporaire valable sur l'ensemble du territoire américain, le temps qu'une plainte déposée lundi par le ministre de la Justice de l'Etat de Washington soit examinée sur le fond. Les conséquences de la décision du juge Robart se sont traduites dès samedi par un renversement - au moins temporaire - des restrictions imposées par le décret.

Le ministère de la Sécurité intérieure a affirmé à l'AFP "qu'en accord avec la décision du juge" il avait "suspendu toutes les actions qui mettent en œuvre" le décret. Les contrôles aux frontières, précise Gillian Christensen, un porte-parole du ministère, s'en tiendront jusqu'à nouvel ordre "aux procédures habituelles".

"L'opinion de ce soi-disant juge, qui en gros prive notre pays de sa police, est ridicule et sera cassée!", avait prévenu M. Trump dans une première salve de tweets samedi matin.

"Où va notre pays quand un juge peut arrêter une interdiction de voyager faite pour des raisons de sécurité intérieure et quand n'importe qui, même avec des mauvaises intentions, peut entrer aux Etats-Unis", avait-il tweeté à nouveau samedi après-midi.

L’espoir pour quelque 60.000 visas

La diplomatie américaine a de son côté annoncé être revenue sur la suspension de quelque 60.000 visas.

"Nous avons renversé la révocation provisoire des visas entraînée par le décret présidentiel 13769. Les personnes munies de visas qui n'ont pas été physiquement annulés peuvent désormais voyager si le visa est valide", a expliqué une porte-parole du Département d'Etat dans un communiqué.

Les vols à travers le monde en direction des Etats-Unis acceptaient de nouveau les ressortissants des sept pays visés par le décret. Ce dernier, qui a engendré une vague d'indignation et de protestations à travers le monde, fermait les portes des Etats-Unis pendant trois mois aux ressortissants d'Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, et Yémen, le temps que les autorités américaines revoient leur dispositif anti-terroriste. Il prévoyait également l'interdiction de tous les réfugiés, ainsi que celle des Syriens indéfiniment.

Une solidarité internationale

La colère reste intacte à travers le monde une semaine après la signature du décret. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi de Washington à Paris, en passant par Londres et Berlin.

"C'est important de regarder les côtés positifs, mais en même temps Trump est au pouvoir pour quatre ans", s'inquiète devant la Maison Blanche Maryam al-Hassani, manifestante américano-irakienne de 18 ans. "Nous devons continuer d'agir", souffle-t-elle.

A New York, où les manifestations anti-Trump sont devenues quasi-quotidiennes, quelque 3.000 personnes ont répondu à l'appel de la communauté homosexuelle pour témoigner de leur solidarité avec les musulmans et tous ceux qui pourraient être affectées par le décret promulgué le 27 janvier. Plusieurs milliers de manifestants ont également défilé samedi soir à West Palm Beach, en Floride, tout près de la résidence de Mar-a-Lago où Donald Trump passe le week-end avec sa famille.

Julie Breon avec AFP