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Kobané: les frappes s'intensifient, les Kurdes résistent aux jihadistes

Une frappe de la coalition s'abat sur Kobané, ville syrienne située à la frontière avec la Turquie, et dont les jihadistes de Daesh tentent  de s'emparer, le 8 octobre 2014.

Une frappe de la coalition s'abat sur Kobané, ville syrienne située à la frontière avec la Turquie, et dont les jihadistes de Daesh tentent de s'emparer, le 8 octobre 2014. - Aris Messinis - AFP

L'affrontement entre jihadistes et combattants kurdes se poursuit à Kobané, ville syrienne située à proximité immédiate de la frontière turque. De nouvelles frappes ont été menées par la coalition pour tenter de repousser l'Etat islamique hors de la ville.

Les Kurdes parviennent à résister aux jihadistes à Kobané, mais pour combien de temps? La coalition internationale conduite par les Etats-Unis a intensifié mercredi ses frappes près de la ville kurde syrienne située à la frontière turque. Selon l'armée américaine, la ville résiste encore aux jihadistes qui l'assiègent et reste contrôlée par les combattants kurdes.

Une quinzaine de frappes, jugées insuffisantes

Les Etats-Unis, aidés cette fois par la Jordanie, ont lancé mercredi huit nouvelles frappes près de Kobané, pour épauler l'action des Kurdes, qui, au sol, sont seuls à faire face à l'assaut des jihadistes. Ces nouvelles frappes s'ajoutent à six frappes menées précédemment mardi et mercredi avec les Emirats arabes unis. Les huit nouvelles frappes ont détruit cinq véhicules armés, un dépôt d'équipements, un camp de commandement, un camp logistique, et huit baraquements.

Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont pourtant avancé mercredi dans Kobané et reçu des renforts en hommes et en équipements, malgré les frappes jugées insuffisantes par le Pentagone pour sauver cette ville située à la frontière avec la Turquie.

Les frappes "ne vont pas apporter une solution et sauver la ville de Kobané", a averti mercredi le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby. Selon lui, "il faudrait des troupes compétentes, des rebelles syriens ou des forces gouvernementales irakiennes, pour parvenir à vaincre" le groupe EI.

Couvre-feu anti-manifestations en Turquie

La bataille de Kobané, ville défendue par des forces kurdes moins nombreuses et bien moins armées, a provoqué des émeutes meurtrières dans des provinces à majorité kurde de Turquie, déclenchées par le refus du gouvernement d'Ankara d'intervenir en Syrie. Les autorités turques ont imposé mercredi un couvre-feu militaire dans une partie du sud-est du pays, au lendemain de ces violences qui ont fait au moins 21 morts et se sont exportées en Allemagne.

Les Etats-Unis ont aussi exprimé leur frustration devant les réticences de la Turquie à lutter contre le groupe EI, qui menace sa frontière avec la Syrie, mais Washington marche aussi sur des oeufs avec son allié en raison de l'explosive question kurde. "Nous pensons clairement qu'ils peuvent faire davantage", a estimé mercredi la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki. Mais, a-t-elle aussitôt reconnu, Ankara a "ses propres inquiétudes", en allusion au dossier kurde qui l'empoisonne depuis des décennies.

Les deux pays se sont d'ailleurs indirectement accrochés mercredi sur l'opportunité de créer une zone tampon entre la Syrie et la Turquie pour protéger les personnes déplacées par le conflit. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a maintes fois plaidé pour et a reçu mercredi le soutien de son homologue français François Hollande.

La Turquie juge "non réaliste" son intervention militaire contre Daesh

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a plaidé pour une opération militaire terrestre contre l'EI, mais le scepticisme demeure sur la possibilité de voir ses troupes franchir la frontière alors que les Etats-Unis ont exclu des troupes au sol. Jeudi, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a jugé qu'il n'était "pas réaliste" d'envisager que la Turquie mène seule une intervention militaire terrestre.

S'ils réussissaient à conquérir Kobané, les jihadistes s'assureraient le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque. Depuis le début de l'offensive jihadiste pour prendre la ville, le 16 septembre, plus de 400 personnes ont péri selon l'OSDH, alors que quelque 300.000 habitants de la région ont pris la fuite, dont plus de 200.000 en Turquie.

A.S. avec AFP