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Kobané: la ville kurde sera-t-elle sauvée par les Français?

Des Kurdes regardent depuis la ville turque de Suruc le bombardement de la ville de Kobané, en Syrie, par les forces de la coalition contre Daesh (Etat islamique).

Des Kurdes regardent depuis la ville turque de Suruc le bombardement de la ville de Kobané, en Syrie, par les forces de la coalition contre Daesh (Etat islamique). - Aris Messinis

EDITO - Alors que la ville syrienne de Kobané, située à la frontière avec la Turquie, menace de tomber aux mains des jihadistes de l'Etat islamique, se pose la question de l'armement des Kurdes de Syrie par les Occidentaux, et notamment la France.

Voici que la France va enfin fournir des armes lourdes aux Kurdes de Syrie. Depuis deux mois, la France arme les Kurdes d'Irak contre les jihadistes, alors pourquoi pas les Kurdes de Syrie, qui sont encore moins bien défendus, n'ayant aucun allié sur le terrain? Laurent Fabius l'a dit à demi-mot, mardi: la France aidera directement ces Kurdes syriens.

Les Kurdes syriens, bien moins puissants que Daesh 

Retour sur les derniers jours: les milices kurdes laïques sont encerclées dans l'un de leurs trois fiefs dans le nord de la Syrie -en l'occurrence Kobané, souvent appelé Aïn al-Arab, et littéralement collé à la frontière turque. Les milices, appelés YPG, Unités de protection du peuple, sont affiliées au parti de gauche kurde, le PYD, lui-même affilié au célèbre PKK marxiste de Turquie.

La pression militaire du groupe État islamique, ou "Daesh" dans le vocabulaire des diplomates, est énorme. Armés de chars d'assaut, ces jihadistes sont impossible à stopper sans armes lourdes. Les YPG n'ont que des armes légères, c'est-à-dire kalachnikovs et lances-grenades RPG. Ni l'un ni l'autre ne stoppe des chars.

C'est sans doute pourquoi une combattante YPG -beaucoup de femmes kurdes combattent- a fini par se suicider pour stopper un char. Pas entièrement un attentat suicide jihadiste, mais un rappel: le suicide de combat existe depuis bien longtemps.

Les frappes aériennes impuissantes contre les chars

Les bombardements américains des abords de Kobané ne contiennent pas les chars de Daesh. En réalité, contre des chars, il faut des hélicoptères et des canons antichars. Les YPG ne demandent qu'une chose: ces canons antichars, de fabrication française, comme ceux que les milices kurdes en Irak ont obtenu officiellement des mains françaises.

Le PYD est donc passé à Paris. Son numéro un, Saleh Mohammad Muslim à demandé expressément aux diplomates de lui fournir ces armes. Et se plaindre du fait que l'armée turque, campée sur la frontière, observe goguenarde la chute de Kobané. Pour être juste, notons que les gouvernants turcs commencent à se retourner contre Daesh, mais que le groupe jihadiste écrase les YPG au passage

Armer les Kurdes de Syrie?

C'est ainsi qu'à 15h22, en séance des questions à l'Assemblée nationale, l'élu PS Malek Boutih a plaidé pour une fourniture d'armes aux PYD/YPG, faisant réagir le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius ainsi: "Pour Kobané nous nous mobilisons. Nous sommes en contact avec les États-Unis, qui ont conduit et vont conduire des frappes. Nous renforçons notre propre coopération avec les forces armées qui sur le terrain combattent Daesh; beaucoup se joue à Kobané, tout doit être fait pour que les terroristes de Daesh soient stoppés puis repoussés".

Le problème a toujours été diplomatique: le gouvernement turc accepterait-il de voir des Kurdes armés à ses frontières? Il semblerait que les armes françaises vont arriver, et que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan sera bien obligé d'observer la reconquête kurde de Kobané, puisqu'avec des armes lourdes françaises, les miliciens et miliciennes YPG ne peuvent que gagner. L'on aurait peut-être pu les armer plus tôt.