Jugé pour agressions sexuelles, l'ex-Premier ministre écossais confrontré au témoignage d'une accusatrice

Le Premier ministre écossais Alex Salmond après une audition devant la Haute cour d'Edimbourg, le 22 janvier 2020 - ANDY BUCHANAN / AFP
"Il était totalement sur moi": l'ex-Premier ministre indépendantiste écossais Alex Salmond a été confronté ce lundi à l'une de ses accusatrices au premier jour de son procès pour agressions sexuelles devant la Haute cour d'Edimbourg.
L'ex-ténor de la cause indépendantiste écossaise doit répondre en tout de 14 chefs d'inculpation lors de son procès qui doit durer quatre semaines: deux tentatives de viol, dix agressions sexuelles et deux attentats à la pudeur, qui auraient été commis entre juin 2008 et novembre 2014 dans sa résidence officielle, au Parlement écossais, un restaurant de Glasgow ou une boîte de nuit d'Edimbourg. L'ex-chef du gouvernement écossais de 2007 à 2014 rejette vigoureusement ces accusations.
"J'ai essayé de l'arrêter"
Dès le premier jour du procès, une ancienne collaboratrice du gouvernement écossais a affirmé avoir été embrassée de force et de manière répétée sur le visage et dans le cou par l'ex-homme politique à l'imposante carrure, après un dîner avec d'autres participants dans sa résidence de Bute House.
Cachée de la vue de l'accusé et du public par un panneau blanc pour des raisons légales, la victime supposée a livré un témoignage glaçant. "J'ai essayé de l'arrêter", a-t-elle affirmé. En vain. Quand elle essaye de quitter la pièce, il l'en empêche, a-t-elle expliqué. "A ce moment, j'ai commencé à avoir peur". Elle finit par se dégager, il la suit contre sa volonté.
"Il était totalement sur moi, m'embrassant, arrachant mes vêtements. Tout s'est passé très vite", a-t-elle poursuivi, la voix émue. Selon son récit, lui-même se déshabille et la pousse sur un lit. "Je me souviens le sentir sur moi. Il était excité, ses parties intimes sur moi", a-t-elle détaillé. Elle réussit finalement à le repousser et il finit par s'endormir.
Aujourd'hui, cette femme dit regretter de ne pas avoir appelé à l'aide ou essayé de se défendre davantage.
"J'étais si gênée que cela m'arrive, je me sentais humiliée, mais j'avais aussi peur", a-t-elle poursuivi.
Alex Salmond dément les faits
Peu avant cela, en mai 2014, Alex Salmond l'avait déjà touchée de manière "inappropriée", a-t-elle dit: "Il m'a juste tripotée, je n'ai pas d'autres mots".
Encadré par deux gardes, vêtu d'un costume bleu foncé, l'accusé de 65 ans a écouté ce premier témoignage calmement, sans mot dire. Selon la version de ses avocats, il ne se trouvait pas dans sa résidence officielle lorsque les faits de mai 2014 se seraient déroulés.
Dans des documents déposés auprès de la cour, sa défense a aussi fait valoir que selon lui, trois autres des dix femmes qui l'accusent avaient consenti aux tentatives de baisers ou aux caresses de leurs cheveux.
Un ténor de la vie politique écossaise
Quelques mois avant son inculpation, l'ex-responsable politique avait quitté en août 2018 le Scottish National Party (SNP), parti nationaliste et pro-indépendance au pouvoir en Écosse, afin de ne pas porter préjudice à une formation dont il était membre de longue date. Il en avait pris les rênes en 1990, puis claqué la porte en 2000, avant de revenir à sa tête quatre ans plus tard.
Reprenant le flambeau de la bataille indépendantiste, qui a gagné en vigueur depuis le Brexit, la "First Minister" actuelle, Nicola Sturgeon avait alors exprimé son "énorme tristesse" de voir partir son "ami et mentor pendant trois décennies". Celle qui lui a succédé à la tête du gouvernement écossais et du SNP avait ajouté que les plaintes à son encontre ne pouvaient pas être "mises sous le tapis".
Après une enquête interne, c'est le gouvernement écossais qui avait rapporté les accusations à la police.