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"Je n'ai pas vraiment envie de parler russe": à Kiev, ces femmes gomment leur accent russophone

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Depuis le début du conflit, des Ukrainiens russophones ont décidé de gommer leur accent et d'apprendre l'Ukrainien. Une forme de résistance pour ces élèves qui suivent des cours dans une école de Kiev.

Les dessins défilent sous son doigt. Un verre, des cerises, une casserole, Larysa réapprend à prononcer ces objets du quotidien qu’elle connaît si bien. Inscrite dans une école de Kiev, cette Ukrainienne russophone s'exerce à parler ukrainien.

Comme elle, une dizaine d'élèves suivent les leçons dispensées par une professeur bénévole. Toutes ne souhaitent qu’une chose depuis le début du conflit; abandonner la langue russe ou gommer un accent trop prononcé.

"En ce temps de guerre, je n’ai pas vraiment envie de parler russe, explique Larysa à BFMTV. Et pourtant c’est ma langue maternelle."

Le choix de la résistance

Plus qu’un geste symbolique, ce choix est celui de la résistance. Résister à l’envahisseur Russe.

Halyna, elle aussi habitante de Kiev, apprivoise son nouvel environnement linguistique. "J’ai étudié l’ukrainien à l’école quand j’étais plus jeune, confie-t-elle. Mais j’ai tout oublié". Installées en cercle dans une salle de classe, Halyna et ses voisines de table écoutent Lubov Kovalenko, professeur bénévole.

En cours, la nuance de prononciation est à peine perceptible et pourtant elle fait toute la différence. En seulement un mois, cette professeur a vu le nombre d'inscrits doubler.

"Nous nous identifions enfin comme Ukrainiens à travers un seul langage"

"Beaucoup de personnes ont fui les zones de combat, rappelle la professeure. Et pour elles, la langue ukrainienne est devenue importante. Nous nous identifions enfin comme ukrainiens à travers un seul langage".

D’après une étude sociologique ukrainienne, 16% des Ukrainiens déclarent que leur langue est le russe. Ils étaient 40% en 2012. Un sentiment partagé et renforcé depuis l’invasion Russe, notamment du côté des forces politiques.

Pour limiter la diffusion de la langue russe sur le territoire, un projet de loi a été voté par le parlement ukrainien. Il prévoit au 1er janvier 2023 l’interdiction de la vente d’ouvrages écrits en russe ou par des écrivains contemporains russes. Un projet qui doit encore être ratifié par le président Volodymyr Zelensky.

Anne-Laure Banse avec Charlotte Lesage