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"Une nuit rude et sans sommeil" : l'Ukraine visée par l'attaque de drones la plus massive depuis le début du conflit avec la Russie

Des zones d'habitation ont été touchées de plein fouet par plusieurs dizaines de drones russes.

Des zones d'habitation ont été touchées de plein fouet par plusieurs dizaines de drones russes. - OLEKSII FILIPPOV / AFP

Au moins 23 personnes ont été blessées cette nuit par une attaque de drones sans précédent sur l'Ukraine. Au moins 550 engins ont visé Kiev et plusieurs régions du nord et de l'est du pays.

L'Ukraine a été la cible dans la nuit de jeudi à vendredi de l'attaque de drones russes la plus massive de la guerre, qui a fait au moins 23 blessés, au lendemain d'une conversation téléphonique sans résultats entre Vladimir Poutine et Donald Trump.

Au total, 550 engins ont été lancés sur l'Ukraine dont 539 drones et des missiles, y compris balistiques. La capitale, Kiev, a notamment été visée, ainsi que les régions de Dnipro (centre), Soumy (nord), Kharkiv (nord-est) et Tcherniguiv (nord).

"Une nuit rude et sans sommeil". La capitale était la cible principale de cette attaque russe", a déploré Volodymyr Zelensky sur Telegram, faisant état d'au moins 23 blessés.

" Tout cela prouve clairement que sans une pression véritablement massive, la Russie ne changera pas son comportement destructeur et insensé", a déploré le président ukrainien.

Selon le porte-parole de l'armée ukrainienne, Iouri Ignat, il s'agissait du "plus grand nombre" de drones jamais utilisé en une seule attaque par la Russie depuis le début de son invasion en février 2022.

13 localités de Kiev touchées

L'Ukraine a revendiqué avoir abattu 270 engins, tandis 208 ont été neutralisés par brouillage électronique, sur les 550 tirés par la Russie. Selon les autorités, des dizaines d'incendies se sont déclarés à la suite de ces frappes, notamment à Kiev.

Le média ukrainien 1+1 a décompté des frappes sur 13 localités de Kiev, dont les districts de Solomianskyi, Sviatoshynskyi, Darnytskyi, Dniprovskyi et Shevchenkivskyi, situés dans le centre, l'est et l'ouest de la capitale ukrainienne.

Selon la même source, des immeubles d'habitations ont été détruits par les frappes. Un incendie a également été déclaré dans un entrepôt, dans un garage automobile et dans une station-service. "De nombreuses infrastructures civiles ont également été endommagées", relate nos confrères sur place.

Côté russe, une personne a été tuée au cours de la nuit par une attaque de drones ukrainienne dans la région de Rostov (sud), selon le gouverneur régional. Kiev a affirmé y avoir frappé une usine optique et mécanique qui fabrique des composants pour l'armée russe.

"Il n'y avait jamais eu autant d'explosions"

Les journalistes de l'AFP à Kiev ont aperçu, comme lors des précédentes grosses attaques, des habitants affluer dans le métro pour s'y réfugier et y passer la nuit. Ils ont installé des matelas sur le sol ou se sont assis sur des chaises pliantes et sur les bancs en pierre de la station.

Certaines personnes ont réussi à s'endormir, d'autres restaient fixées à leur téléphone. Un homme, visiblement un jeune professeur, corrigeait des copies qu'il avait apportées dans une boîte en carton. "Nous passons toutes nos nuits ici, nous connaissons le personnel et les gens qui viennent ici", explique Ioulia Golovnina, âgée de 47 ans, qui souligne qu'"ici, c'est plus calme" qu'à la surface.

Timour, un habitant de Kiev, a de son côté raconté à l'AFP être descendu dans sa cave avec le reste des résidents de son immeuble pour se protéger des bombardements nocturnes.

"C'était effrayant. C'était très effrayant. J'avais peur pour mes proches", affirme-t-il, ajoutant que "les gens pleuraient, les enfants aussi". "Nous n'avions jamais rien vu de tel auparavant. Il n'y avait jamais eu autant d'explosions. C'était l'attaque la plus violente depuis que je vis ici", a-t-il ajouté.

La diplomatie de Donald Trump en échec

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a lui estimé que cette attaque russe montre le "mépris total envers les Etats-Unis" de Vladimir Poutine. Selon Kiev, les frappes ont commencé "juste après" l'appel avec Donald Trump.

Caroline Loyer : Ukraine, Moscou s'empare d'une mine critique - 01/07
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Vladimir Poutine était resté ferme jeudi, lors de sa sixième conversation téléphonique avec Donald Trump. Il a dit que la Russie "ne renoncera pas à ses objectifs" en Ukraine, tout en se disant ouvert à la poursuite des négociations avec Kiev.

Le chef d'État américain a une nouvelle fois fait part de sa frustration face à l'absence de progrès vers une fin de la guerre, qu'il ambitionnait de résoudre le plus rapidement possible. "Non, je n'ai fait aucun progrès" lors de cette conversation, a-t-il déclaré a posteriori jeudi.

Volodymyr Zelensky avait indiqué jeudi espérer s'entretenir avec Donald Trump "demain ou dans les prochains jours". Il avait précédemment appelé le président américain à "changer de ton" avec la Russie et à lui imposer de nouvelles sanctions.

La conversation Poutine-Trump intervenait au lendemain de l'annonce par Washington d'une pause dans la livraison de certaines armes à l'Ukraine, une décision qui risque de mettre Kiev dans une position difficile à un moment où les troupes russes continuent d'avancer sur le front.

L.V. avec AFP