INFOGRAPHIES. Un an de guerre en Ukraine: à combien s'élèvent les aides de la France?

Depuis le 24 février 2022, les pays occidentaux ont participé à l'effort de guerre ukrainien. Alors que les combats se poursuivent, notamment dans l'Est, Volodymyr Zelensky demande encore plus d'aides. Où la France se situe-t-elle?

"Nous nous tenons aux côtés de l'Ukraine", déclarait Emmanuel Macron lors de la visite à Paris le 8 février dernier de Volodymyr Zelensky. En réponse, le président ukrainien se disait "reconnaissant" des nouveaux "efforts" promis par la France et l'Union européenne.

Cette étape de Volodymyr Zelesnky en France, après un passage au Royaume-Uni et un déplacement aux États-Unis en décembre, est une marque de reconnaissance, après plusieurs mois délicats diplomatiquement. L'Ukraine reprochait à Emmanuel Macron de vouloir continuer à dialoguer avec Vladimir Poutine et de ne pas être au niveau des aides d'autres pays comme l'Allemagne, la Pologne ou le Royaume-Uni.

"Il faut tout de même saluer les efforts de la France. Elle ne cherche pas l’escalade. C’est pourquoi il y a une forme de retenue dans la communication de son soutien", analyse pour BFMTV.com Guillaume Lasconjarias, historien militaire et ancien chercheur à l'Otan.

Les pays baltes plus généreux?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'organisme indépendant Kiel Institute for the World Economy recense toutes les aides des pays alliés à l'Ukraine, que ce soit d'un point de vue financier, militaire et humanitaire - sans inclure les dons privés ou les aides aux ONG.

Selon leur dernier recensement, daté de ce mardi, la France pointait à la sixième place mondiale avec, au total, 1,67 milliard d’euros donnés à l'Ukraine. Loin derrière la Pologne avec 3,55 milliards, l'Allemagne avec 6,15 milliards et les États-Unis avec 73,17 milliards.

Une aide équivalente à 0,06% du PIB de la France contre 0,62% pour la Pologne, 0,97% pour la Lettonie ou 1,07% pour l’Estonie.

"Nous avons observé que les pays baltes ont très vite promis énormément d'aides à l'Ukraine, à l'échelle de leur économie, à cause de leur relation géopolitique et historique avec la Russie mais aussi leur proximité avec le conflit", analyse André Frank, chef du projet Ukraine Support Tracker de l'organisme.

La communication discrète de la France

À plusieurs reprises, ce classement a été critiqué par Paris, et notamment par Sébastien Lecornu en novembre dernier dans le JDD. Le ministre des Armées y affirmait que la France se trouvait "dans les cinq premiers pays" en matière d'aide militaire car "les classements sont le reflet de ce qui est déclaré publiquement, et non de ce qui est réellement livré".

Une justification que confirme l'organisme d'experts internationaux à BFMTV.com: "La qualité et transparence de l'information officielle française font défaut, ce qui augmente l'incertitude concernant les données."

Dans un document transmis par l'Élysée à BFMTV, l'État français affirme, en février, avoir financièrement aidé l'Ukraine à hauteur de 1,7 milliard d’euros. L'aide humanitaire est estimée par l'Élysée à 200 millions d’euros. Elle est couplée à des opérations humanitaires menées par le ministère des Affaires étrangères qui ont permis de livrer plus de 2700 tonnes d’aides depuis le 24 février 2022.

De plus, la France a choisi de ne pas quantifier financièrement ses cessions militaires, que le Kiel Institute estime à 660 millions d'euros. Elle a tout de même détaillé le "grand nombre de matériels déjà livrés" comme des systèmes anti-aériens, les 18 canons Caesar déjà livrés et les 12 supplémentaires à venir ou encore des chars de combat AMX10-RC, "dont l’annonce de la livraison par Emmanuel Macron a entraîné une nouvelle dynamique en matière de blindés".

L'importante part française dans l'aide européenne

Si la France, seule, semble avoir dans ce classement moins soutenu l'Ukraine par rapport à la Pologne ou le Royaume-Uni, elle grimpe au classement des donneurs si on ajoute sa part dans les aides de l'Union européenne.

Parmi les près de 35 milliards d'euros promis ou donnés à l’Ukraine par les institutions européennes, la France aurait participé à hauteur de près de 6 milliards d’euros. Ce qui fait de l'Hexagone le deuxième contributeur derrière l’Allemagne et ses 7,18 milliards.

Pour Guillaume Lasconjarias, "l'Union européenne a beaucoup fait pour l’Ukraine mais en ordre dispersé", d’où son retard sur les États-Unis lors des premiers mois du conflit.

Après des "atermoiements européens" concernant les sanctions contre la Russie ou les livraisons de chars de combat, les membres des 27 ont fini par s'entendre.

Désormais, Volodymyr Zelensky réclame des avions de combat à ses alliés. Les États-Unis et l'Allemagne y ont vite vu un risque d'escalade, tandis que Rishi Sunak et Emmanuel Macron lui ont laissé de l’espoir en ne fermant aucune porte.

Une nouvelle preuve pour le président ukrainien que son homologue français "a changé pour de vrai" et pourrait mener une stratégie d'aides plus intensive et transparente en ce début de deuxième année de guerre en Ukraine.

Théo Putavy