Guerre en Ukraine: Avdiïvka, un "enfer" devenu épicentre des affrontements entre Kiev et Moscou

La coupole d'une église détruite à Avdiïvka, dans la région de Donetsk en février 2022 (Photo d'archive) - Aleksey Filippov © 2019 AFP
De la ville d'Avdiïvka, il ne subsiste pour l'essentiel que des ruines. Des quelque 30.000 habitants que comptait avant la guerre cette cité industrielle du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, il reste moins d'un millier de civils, selon les dernières estimations. La ville, ravagée par les affrontements entre armée ukrainienne et forces russes, n'en est pas moins devenue l'épicentre de la bataille opposant Kiev et Moscou.
Vendredi matin, Oleksandr Tarnavskiy, haut commandant militaire en charge des forces dans l'est de l'Ukraine, a annoncé sur les réseaux sociaux que "des combats acharnés" se déroulaient actuellement à Avdiïvka. Selon lui, les forces ukrainiennes sont en train d'établir de nouvelles positions défensives.
"De puissantes fortifications continuent d'être installées, en prenant en compte tous les scénarios possibles", a ajouté le commandant Tarnavskiy, qui a qualifié la situation à Avdiïvka de "difficile mais sous contrôle". Dans la foulée, l'armée ukrainienne a assuré que ses troupes "tiennent bon".
La bataille d'Avdiïvka (Est de l'Ukraine) est dans une phase "critique" et "l'ennemi continue de faire pression", a affirmé à la télévision le porte-parole de la 3e brigade d'assaut Oleksandre Borodine, soulignant que l'affrontement étaient plus difficile que celui de Bakhmout, qui a duré des mois jusqu'à la capture de cette ville ukrainienne par l'armée russe.
Ces déclarations et ces nouveaux combats confirment la dégradation de la situation pour les forces de Kiev dans la ville depuis plusieurs semaines. Une dégradation faisant craindre à la Maison Blanche qu'Avdiïvka ne "tombe sous contrôle russe".
De premières incursions russes en janvier
Jeudi, des troupes ukrainiennes avaient dû être "urgemment déployées" pour mener des contre-attaques dans les quartiers contrôlés par les Russes. L'annonce avait été faite sur le réseau social Telegram par la troisième brigade d'assaut ukrainienne dans un message intitulé "L'enfer d'Avdiïvka".
"L'ennemi nous presse de toutes parts", affirmait déjà la semaine dernière le maire de la ville, Vitaly Barach. "Il n'y a pas une seule partie de notre ville qui soit plus ou moins calme. Ils donnent l'assaut avec des forces très importantes."
Selon l'édile les soldats russes avaient réussi à entrer pour la première fois dans la ville le mois dernier. Il avait ainsi fait état de "l'incursion de groupes de sabotage et de reconnaissance dans la partie sud d'Avdiïvka", mais l'armée ukrainienne avait réussi à les "déloger" et à "reprendre ses positions".
Un symbole de la résistance ukrainienne
Les troupes russes, qui compteraient dans la zone sept brigades soit plusieurs milliers d'hommes d'après Kiev, tentent en réalité d'encercler Avdiïvka et de prendre entièrement possession de la ville depuis le mois d'octobre, après l'échec de la contre-offensive ukrainienne menée l'été dernier.
Cela constituerait une victoire avant tout symbolique sur la résistance ukrainienne pour Moscou et Vladimir Poutine compte tenu de l'importance stratégique somme toute relative de la cité.
Avdiïvka, qui était déjà brièvement tombée en juillet 2014 aux mains des séparatistes prorusses armés par Moscou avant de revenir sous contrôle ukrainien, illustre plus largement les difficultés rencontrées par les forces de Kiev depuis l'automne sur l'ensemble du front.
Outre Avdiïvka, les forces ukrainiennes sont sous pression dans le nord-est, dans la zone de Koupiansk, et aux abords de Bakhmout. Une situation que le président Volodymyr Zelensky et son armée attribuent notamment à un soutien occidental défaillant, synonyme d'un manque d'armes et de munitions.
Le dirigeant ukrainien doit justement plaider vendredi en faveur d'un accroissement du soutien militaire pour son pays auprès du chancelier allemand Olaf Scholz et u président français Emmanuel Macron. Il devrait profiter de ces deux déplacements à Berlin puis à Paris pour signer des accords de sécurité bilatéraux avec l'Allemagne et la France.