Pays-Bas: l'identité de 425.000 personnes accusées de collaboration avec l'Allemagne nazie révélée

Le 06/01 à 10h19

Cette photo non datée obtenue du Musée commémoratif de l’Holocauste des États-Unis montre les officiers nazis Karl Hoecker (à gauche) se relaxant avec des médecins SS, dont le Dr Fritz Klein (à gauche) et le Dr Eduard Wirths (3e à droite, portant une cravate) à Auschwitz. Cette photo est l’une des quelque 116 rares photographies d’officiers supérieurs SS et de responsables nazis au camp de concentration d’Auschwitz incluses dans l’album photo de Hoecker, dévoilé le 19 septembre par le musée. - Holocaust Memorial Museum / AFP

80 ans après la barbarie nazie et dans le cadre de la numérisation d'archives d'époque, le gouvernement néerlandais a publié une liste de 425.000 noms de personnes suspectées d'avoir eu un lien avec l'Allemagne nazie.

Ces 425.000 noms, publiés ce jeudi 2 janvier 2025, n'étaient jusqu'à présent connus que des chercheurs et historiens ayant eu accès aux documents officiels de la Seconde Guerre mondiale. Via la base de données numériques des Archives centrales des juridictions spéciales (CABR) il sont dorénavant consultables, rapportent Euronews et la BBC,

Un important travail de numérisation intitulé "War in Court", rendu possible par le concours du groupe de recherche Huygens Institute et inpulsé par les ministères de la Justice, de l'Éducation et de la Santé néerlandais.

Lever le voile sur les "zones grises de la collaboration"

Toutes ces personnes, suspectées d'avoir collaboré avec les nazis durant l'occupation des Pays-Bas (de 1940 à 1945) en ayant rejoint l'armée ou le Mouvement national-socialiste (NSB) et en ayant fait l'objet d'une enquête par les tribunaux spéciaux de La Haye, sont aujourd'hui toutes décédées, précise les archives. Pour les autres, il n'existe aucune mention disponible en ligne.

"Pour les enfants des membres du NSB, le passé est souvent un traumatisme", confie Hans Renders, Professeur d'Histoire de l'Université de Groningen (au nord des Pays-Bas) à la BBC.

Cette photo de 1944 montre les officiers nazis (de gauche à droite) Josef Kramer, commandant du camp de concentration de Bergen-Belsen ; le Dr Josef Mengele, connu sous le nom d’Ange de la Mort ; Richard Baer, commandant du camp de concentration d’Auschwitz I ; Karl Hoecker, officier du camp de concentration d’Auschwitz ; et un officier non identifié, alors qu’ils se rassemblent devant un bâtiment à Solahutte, la retraite SS à l’extérieur d’Auschwitz. © Handout / Holocaust Memorial Museum / AFP

Il était jusqu'à présent impossible pour un Néerlandais lambda, ou tout autre citoyen européen, d'avoir accès à ces informations. Désormais, à la suite d'une demande formelle, tout à chacun pourra parcourir les différents documents rendus publics et sur lesquels figurent les identités de ceux ayant participé au funeste projet de l'Allemagne nazie.

Une manière d'en savoir davantage sur les criminels de guerre, "des enfants qui veulent savoir ce que leur père a fait pendant la guerre, aux historiens qui font des recherches sur les zones grises de la collaboration", confie le Huygens Institute à la BBC. "Ces archives contiennent des histoires importantes pour les générations présentes et futures."

Collaborateurs présumés et personnes innocentées

Au sein de la liste de noms de collaborateurs présumés, figurent également les noms de personnes innocentées par les tribunaux spéciaux néerlandais. À la différence des premiers, ceux-là sont suivis d'une mention claire précisant leur innocence à la suite d'investigations menées.