Mélenchon décerne le "prix de l'humour noir" au comité Nobel

"On comprend que l'Union européenne n'ait pas reçu le prix Nobel d'économie tant sa politique aggrave la crise et le chômage", a ironisé Jean-Luc Mélenchon. - -
Le comité Nobel a annoncé, vendredi matin, avoir décerné le Nobel de la paix à l'Union Européenne, pour récompenser un projet synonyme de paix et de démocratie depuis plus d'un demi-siècle. Et ce à un moment particulièrement difficile de son histoire, où il est fragilisé par la crise de l'euro.
"L'UE et ses ancêtres contribuent depuis plus de six décennies à promouvoir la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l'Homme en Europe", a déclaré à Oslo le président du comité Nobel norvégien Thorbjoern Jagland.
• Martin Schulz "touché" et "honoré"
Premier à réagir, le président du Parlement européen, Martin Schulz, s'est dit "touché" et "honoré" de cette décision. "Je suis profondément touché et honoré que l'UE ait gagné le prix Nobel de la paix", a -t-il affirmé sur son compte Twitter.
"L'UE est un projet unique qui a remplacé la guerre par la paix et la haine par la solidarité", a ajouté le président du Parlement dans un second tweet, se disant "submergé par l'émotion".
• Barroso : "un grand honneur" pour tous les Européens
Le prix Nobel de la paix est "un grand honneur pour l'ensemble de l'Union européenne, pour ses 500 millions de citoyens", a réagi de son côté le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, également sur son compte Twitter.
• Merkel : un "encouragement"
La chancelière allemande, Angela Merkel, a salué, pour sa part, un "encouragement" pour les efforts de paix.
"Nous y voyons un encouragement au grand projet pacificateur qu'a représenté l'Union européenne pour le continent européen", a déclaré Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière, lors d'une conférence de presse à Berlin.
• La Norvège félicite l'UE mais exclut son adhésion
Le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a félicité l'Union européenne (UE) pour son prix, tout en excluant de nouveau une adhésion de son pays.
"Il est possible de féliciter l'UE pour ce prix de la Paix, de reconnaître son rôle de faiseur de paix et de distinguer cela de la question de la relation de la Norvège avec l'UE", a-t-il dit, soulignant qu'"une adhésion n'est pas d'actualité".
• Alain Juppé "réjoui" et "enthousiaste"
Interrogé par BFMTV, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, confie se réjouir "très profondément" de cette attribution du prix à l'Union européenne. "On a oublié que notre continent s'est déchiré pendant tout le XXe siècle, avec deux guerres mondiales. C'est la construction européenne qui nous a permis de sortir de cette phase terrible de notre histoire", a-t-il ajouté.
• Kouchner : "une grande surprise"
"C'est une grande surprise" a réagi l'ancien ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner, interrogé par BFMTV. "Je pense qu'ils ont voulu récompenser des efforts en faveur du développement, car il est vrai que l'Union européenne donne beaucoup plus d'argent pour le développement que les Etats-Unis ou les agences des Nations unies", estime-t-il.
Pour Bernard Kouchner, l'Union européenne n'est, en revanche, pas suffisamment impliquée dans la paix.
• Jacques Delors : "un message à la fois moral et politique"
Interrogé par BFMTV, l'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, a jugé que l'attribution du prix Nobel de la paix à l'UE est un "message à la fois moral et politique". "Moral dans la mesure où on salue des pays qui, renonçant à leur attitude d'hier, ont fait la paix entre eux. Et un message politique à un moment où il y a beaucoup de critiques, beaucoup de statistiques, de pronostics défavorables à l'Europe", a-t-il justifié.
Jacques Delors évoque une "grande satisfaction pour les pères de l'Europe, qui nous ont quitté". L'Union européenne "est une oeuvre de paix, dont on a beaucoup douté. L'oeuvre se consolide", a-t-il également souligné.
• Moscovici : un "processus historique unique"
De son côté, le ministre français de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a salué, depuis Tokyo, où il participe à l'assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale, "la récompense d'un processus historique unique".
Pierre Moscovici a mis en exergue "le chemin qui a été fait" depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, évoquant "une Europe unie, vivant en paix et avec des institutions solides". Des progrès accomplis "d'abord par la réconciliation franco-allemande, qui est aujourd'hui une évidence et le moteur de l'Europe", selon lui.
• Marine Le Pen : un "cynisme inouï"
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a, quant à elle, vivement réagi à l'attribution du Nobel à l'UE. "Je pense que le comité Nobel s'est totalement déconsidéré", a-t-elle déclaré.
Et de poursuivre : "L'Union européenne ça n'est pas la paix, c'est la guerre. C'est la guerre économique et sociale, menée contre les peuples. Au moment où les populations d'Europe sont en train de se révolter contre l'austérité massive imposée par l'Union européenne, que le comité Nobel puisse accorder le prix Nobel à l'UE est juste faire preuve d'un cynisme inouï".
• Copé : un "très grand honneur"
Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a vu dans l'attribution du prix à l'UE "un très grand honneur pour tous les Européens", et a rendu un hommage aux artisans français de l'Union, particulièrement à Nicolas Sarkozy.
Dans un communiqué, le candidat à la présidence de l'UMP confie voir dans ce Nobel "un hommage rendu à la chaîne ininterrompue des chefs d'Etat français qui ont oeuvré avec leurs partenaires européens, et en particulier l'Allemagne, pour consolider l'Europe : Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy".
• Lech Walesa "surpris et déçu"
Lech Walesa, prix Nobel de la paix en 1983, s'est déclaré "surpris et déçu" par l'attribution de la même récompense à l'Union européenne.
"Certes, l'Union européenne tente de changer l'Europe et le monde de manière pacifique, mais elle se fait payer pour ça", alors que les activistes s'engagent dans leur action juste pour défendre une idée, a-t-il expliqué. Selon l'ancien président polonais, "il existe dans ce monde beaucoup de cas d'engagement personnel".
• Mélenchon décerne "le prix de l'humour noir" au comité Nobel
Réagissant, lui aussi, à l'attribution du Nobel de la paix à l'UE, Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, a décerné le prix de "l'humour noir" au comité Nobel.
"On comprend qu'elle (l'Union européenne) n'ait pas reçu le prix Nobel d'économie tant sa politique aggrave la crise et le chômage", ironise dans un communiqué l'ex-candidat du Front de gauche à l'Elysée. "Certes, l'Union européenne a garanti la paix aux marchés financiers, aux spéculateurs et aux profits bancaires", ajoute-t-il. "Mais ne mène-t-elle pas une guerre contre les peuples qui la composent et leurs droits sociaux ?"
• Dupont-Aignan : un prix "à titre posthume"
L'ex-candidat à l'Elysée, Nicolas Dupont-Aignan, a lui aussi ironisé sur le Nobel. "Ce prix est en fait décerné à titre posthume. Puisse cet hommage à cette admirable défunte nous rappeler que l'Europe peut être encore un rêve, et non ce cauchemar que vivent les peuples", a lancé Nicolas Dupont-Aignan.
• Giscard d'Estaing : un choix "juste"
Valéry Giscard d'Estaing, ex-président de la République et ancien président de la Convention européenne, a, lui, estimé "juste" que l'effort "extraordinaire" des Européens en faveur de la paix soit reconnu.
"Nous devons nous réjouir que l'effort des Européens pour la paix, effort méritoire, effort difficile, soit reconnu et récompensé", a poursuivi Valéry Giscard d'Estaing, au micro de BFMTV. "Aujourd'hui, "les jeunes n'imaginent plus qu'il puisse y avoir une guerre en Europe", a-t-il justifié.