Haut-Karabagh: l'ambassadrice de l'Azerbaïdjan affirme que les Arméniens "ont décidé eux-mêmes de quitter la région"

En quelques jours, 93.000 personnes, soit plus des trois quarts des 120.000 habitants officiels du territoire du Haut-Karabagh ont quitté leur foyer selon les autorités arméniennes. Le représentant du Haut-Karabagh en France, Hovhannès Gevorgyan, invitée sur le plateau de BFMTV ce samedi soir parle d'une "véritable épuration ethnique". Ce à quoi l'ambassadrice de l'Azerbaïdjan en France, Leyla Abdullayeva, dément, sur ce même plateau.
"Ce n'est pas un nettoyage ethnique, vous ne pouvez pas accuser l'Azerbaïdjan sur des choses infondées", s'exclame-t-elle, en affirmant qu'il "est temps de se débarrasser des discours mensongers".
Selon elle, l'exode des Arméniens de ce territoire est "une volonté des populations de ne pas rester". "Ils n'ont pas été forcés" de partir.
Au lendemain de l'annonce de la dissolution de la république séparatiste autoproclamée, "les populations ont décidé elles-mêmes de quitter la région du Haut-Karabagh", affirme Leyla Abdullayeva qui rappelle que ce territoire est "une terre souveraine" de Bakou, reconnue par la communauté internationale.
Le représentant du Haut-Karabagh en France réagit à ses propos: "Si 9/10 de la population en laissant leurs champs, leur maison, toute leur vie, partent, ce n'est pas parce qu'ils aiment la randonnée, la bagnole, ou les voyages groupés, c'est parce qu'il y a une raison tragique. Une raison qui s'appelle la dictature de l'Azerbaïdjan".
Peur des représailles
"La réalité c'est que le gouvernement de l'Azerbaïdjan a demandé aux résidents arméniens du Haut-Karabagh de ne pas quitter leur lieu de résidence", ajoute l'ambassadrice.
La population arménienne dit redouter des représailles: cette région à majorité chrétienne, qui avait fait sécession de l'Azerbaïdjan à majorité musulmane à la désintégration de l'URSS, s'est opposée pendant plus de trois décennies à Bakou.
Les Arméniens "fuient la mort" affirme Hovhannès Gevorgyan.
L'ambassadrice de l'Azerbaïdjan en France souligne quant à elle qu'il est "normal" d'avoir "un manque de confiance entre les deux populations parce que l'on sort de trois années d'hostilités".
"On ne va pas changer la situation en une nuit", déclare-t-elle.
Des négociations prévues
"On a proposé aux Arméniens du Haut-Karabagh d'avoir un dialogue. On a déjà eu des réunions entre les représentants des Arméniens du Haut-Karabagh et l'autorité centrale de l'Azerbaïdjan pour avoir une meilleure communication et résoudre les problèmes", détaille Leyla Abdullayeva.
Des négociations entre officiels azerbaïdjanais et responsables de l'enclave sur la transition sont prévues lundi à Stepanakert, rapporte l'AFP.
La France a toutefois déploré ce samedi que Bakou n'ait pas consenti à "l'envoi d'une mission d'évaluation humanitaire au Haut-Karabagh" des Nations Unies.
"Personne ne croit en la possibilité de cohabitation des deux communautés. Ni les Arméniens, ni les Azéris ne sont préparés à cette option", estime Bayram Balci, chercheur à Sciences Po en France auprès de l'AFP.
Après la guerre éclair menée par Bakou - qui a fait près de 600 morts - et la capitulation le 20 septembre, la république séparatiste autoproclamée du Nagorny Karabakh a annoncé sa dissolution au 1er janvier 2024, plus de 30 ans après sa création.