BFMTV
Grèce

Migrants: des bébés en manque de lait infantile dans les centres de rétention grecs

Une mère syrienne tient son bébé de deux mois dans un camp de rétention sur l'île grecque de Chios, le 3 avril 2016.

Une mère syrienne tient son bébé de deux mois dans un camp de rétention sur l'île grecque de Chios, le 3 avril 2016. - Louisa Gouliamaki - AFP

Parmi les milliers de demandeurs d'asile qui s'entassent dans les centres de rétention grecs, des mères n'arrivant pas à allaiter ont du mal à trouver suffisamment de lait infantile pour nourrir leurs nourrissons. Certains recevraient seulement un quart de la quantité journalière recommandée.

Les bébés migrants se trouvant dans les centres de rétention grecs dans le cadre de l'accord Union européenne-Turquie ne recevraient pas la quantité journalière de lait infantile recommandée, selon les témoignages de réfugiés et d'humanitaires cités par le Guardian ce mardi.

D'après le quotidien britannique, qui relaie des photos prises par des réfugiés, quelque 25 bébés de moins de six mois dont les mères ne sont pas en mesure d'allaiter - notamment en raison du stress - recevraient approximativement 100 ml de préparation lactée par jour sur l'île grecque de Chios. Soit seulement un quart de la dose quotidienne recommandée, souligne le Collège royal britannique des sages-femmes, qui estime que la situation pourrait contrevenir au au protocole international si elle était confirmée.

Environ 40% d'enfants parmi les migrants de Chios

Signé à Bruxelles le 18 mars mais critiqué par l'ONU et des ONG, l'accord UE-Ankara prévoit le retour en Turquie de tout migrant arrivé en Grèce depuis le 20 mars, y compris les demandeurs d'asile syriens, et n'ayant pas fait de demande d'asile ou dont la demande a été rejetée. A la suite de l'entrée en vigueur de l'accord, le nombre d'arrivées en Turquie s'est stabilisé autour d'une centaine par jour, un dixième de moins que cet été. 

L'accord a forcé des autorités grecques dépassées à détenir tous les demandeurs d'asile arrivant sur leurs côtes en provenance de Turquie, alors qu'auparavant, les demandeurs d'asile pouvaient continuer à avancer vers le nord de l'Europe. Seulement une centaine d'experts européens de l'asile sont arrivés dans le pays pour aider à gérer l'afflux de migrants, un quart des renforts promis par l'Union européenne à la Grèce.

Depuis, selon le Guardian, quelque 1.100 migrants sont coincés dans le centre de rétention de VIAL, sur l'île de Chios, dont environ 40% d'enfants. Les ONG, notamment Human Rights Watch et Amnesty International, ont dénoncé comme indignes les conditions de vie dans les centres de rétention grecs.

"Exaspérées de ne pas obtenir suffisamment de lait"

Le Conseil norvégien pour les réfugiés, cité par le Guardian, relate ce manque de nourriture adaptée aux nourrissons:

"Cela va au-delà du lait pour bébé: il y a un manque de soins de base pour les enfants. Il y a une crise en matière d'hygiène. Les nourrissons dorment dans des configurations tout à fait inappropriées, sur le sol... C'est un environnement absolument hostile pour les enfants." 

Amnesty International, dont une équipe de recherche s'est rendue dans deux centres de détention fermés, Moria à Lesbos et VIAL à Chios, les 5 et 6 avril 2016, confirme cette insuffisance de lait infantile dans un texte mis en ligne sur son site, où l'ONG dénonce les conditions déplorables dans lesquelles sont détenus les réfugiés: 

"L’accès à la nourriture est (...) restreint. Par exemple, trois mères voyageant seules avec des bébés et de jeunes enfants et qui partagent un container à VIAL ont éclaté en sanglots lorsqu’elles ont décrit à quel point elles étaient exaspérées de ne pas pouvoir obtenir le bon type de nourriture ou même suffisamment de lait pour leurs enfants", écrivait ainsi l'ONG le 7 avril.

V.R.