Saint-Jacques de Compostelle: qui est le conducteur du train?

Le conducteur du train, juste après l'accident, soutenu par deux riverains. - -
De lui, les gens connaissent désormais son regard hagard, la moitié du visage en sang, la chemisette bleue de son uniforme maculé de taches. Francisco José Garzón conduisait le train Madrid-El Ferrol lorsque celui-ci a déraillé, quatre km avant d'arriver en gare de Saint-Jacques de Compostelle. Quelque 78 personnes sont mortes.
L'homme âgé de 52 ans n'en était pas à son premier trajet. Francisco José Garzón a commencé à travailler à 22 ans au sein de la compagnie ferroviaire Renfe, en Galice. Petit à petit, il a grimpé les échelons, et est devenu conducteur de train il y a maintenant dix ans, raconte El Pais.
Après avoir été cheminot sur la ligne Madrid-Barcelone, Francisco José Garzón avait demandé sa mutation vers la Galice il y a trois ans. Sa mère est malade, et il voulait se rapprocher de chez elle. Ce trajet mortel de mercredi, il l'avait déjà fait près de 60 fois, selon le président de la Renfe, cité par la chaîne RTVE. Il connaissait cette courbe périlleuse, qui surgit après une centaine de kilomètres de voies rectilignes.
"J'ai déconné... Je veux mourir"
Dès lors, une seule question hante tous les esprits: pourquoi a-t-il pris le virage si vite? Dans un échange radio avec les urgences, quelques minutes après l'accident, et révélé par El Pais, il reconnaissait, en sanglots, avoir roulé à 190 km/h au lieu de 80. "J'ai déconné... Je veux mourir!", lançait l'homme au milieu du chaos.
Jusqu'à présent, il n'avait jamais reçu d'avertissement. Mais les médias espagnols ont diffusé une capture d'écran de son profil Facebook, desactivé depuis, qui prend une dimension douloureuse deux jours après le drame. C'était le 8 mars 2012. Francisco José Garzón poste une photo où l'on voit un tableau de bord d'un train, indiquant 200 km/h. Alors que certains amis le sermonnent sur sa vitesse, le conducteur assure qu'il est à la limite, car au-dessus il se prendrait une amende. "Ce n'est pas un trucage", fanfaronne-t-il. "Ca serait marrant de faire sauter le radar de la police, la Renfe se prendrait une sacrée amende!"
Depuis vendredi midi, il est en garde à vue pour "imprudence" et plusieurs autres délits liés à l'accident. Encore hospitalisé, il a été soigné de neuf points de suture pour sa blessure au crâne. Son autre blessure, intérieure elle, ne se refermera probablement jamais. Immédiatement après le drame, il s'écriait: "J'espère qu'il n'y a pas de morts! Sinon je les aurai sur la conscience..."