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"Je n'ai jamais vu cela": l'Espagne touchée par de graves inondations, au moins 95 morts

Des habitants se tiennent devant des voitures empilées à la suite d'inondations meurtrières dans le quartier d'Alfafar, au sud de Valence, le 30 octobre 2024.

Des habitants se tiennent devant des voitures empilées à la suite d'inondations meurtrières dans le quartier d'Alfafar, au sud de Valence, le 30 octobre 2024. - Manaure Quintero

Le dernier bilan communiqué par les autorités espagnols fait état d'au moins 95 morts dans ces crues. Par endroits, l'eau est montée de plusieurs mètres en seulement quelques minutes.

Un bilan provisoire déjà dramatique qui pourrait encore s'aggraver. Les autorités ont annoncé ce mercredi 30 octobre qu'au moins 95 personnes avaient trouvé la mort dans les inondations qui ont touché le sud et l'est de l'Espagne ces dernières heures. Trois jours de deuil national ont été décrétés par le gouvernement.

La région de Valence a été la plus durement touchée. Rien que sur ce territoire, 92 personnes sont mortes ce mercredi. "La situation est dantesque (...) Je n'avais jamais vu cela", a déclaré à la TVE Consuelo Tarazona, la maire d'Horno de Alcedo, commune de la banlieue de Valence. La montée des eaux a été "monstrueuse." "Nous avons été inondés tout d'un coup, sans pouvoir prévenir les voisins", a-t-elle ajouté.

Le nombre de personnes portées disparues est la "grande inconnue"

Le bilan de ces crues est le plus élevé en Espagne depuis les inondations qui avaient fait environ 300 morts en octobre 1973. Ce bilan est encore provisoire. Dans un entretien à Cadena SER, la ministre espagnole de la Défense Margarita Robles s'est inquiétée du "nombre de personnes portées disparues", estimant qu'il s'agissait d'une "grande inconnue".

"Demain, profitant du fait que les prévisions météorologiques sont meilleures, nous devons commencer la deuxième phase, qui est la phase de recherche et de sauvetage", s'est avancée Margarita Robles.

Cette dernière a signalé que 110 personnes avaient été retrouvées vivantes, notamment grâce au travail de l'armée de l'air.

Au fur et à mesure que le bilan s'aggravait, plusieurs pays, dont la France, ont annoncé soutenir l'Espagne. "On a mis à disposition des aides en termes de sécurité civile, de secours, et on fera tout ce qui sera jugé utile par les secouristes sur place", a déclaré Emmanuel Macron au micro de BFMTV.

Si les conditions météorologiques s'améliorent lentement notamment dans la région de Valence, les transports restent encore fortement perturbés. Par exemple, la ligne ferroviaire à grande vitesse entre Valence et Madrid sera "suspendue" pour les quatre prochains jours, a annoncé l'opérateur ferroviaire national et de nombreuses routes du sud-est de l'Espagne restent impraticables.

Nous sommes toujours dans une situation d’urgence", a témoigné la maire de Valence María José Catalá sur son compte X.

Sur BFMTV, Christine Zamarreno, une Française bloquée dans un magasin Ikea de Valence, témoigne d'une nuit de "panique". "L'eau est montée à plus de deux mètres. Il y avait les voitures en warning et des gens sur les toits des magasins qui criaient au secours", a-t-elle raconté.

Des phénomènes plus intenses en raison du changement climatique

Toujours auprès de BFMTV, Christophe Dubernat, un Français qui circulait sur l'autoroute qui relie Valence à Alicante témoigne de la panique qui a accompagné des pluies torrentielles. "On voyait l’eau qui commençait à monter. On a eu juste le temps de monter sur un pont où l'on a été à l'abri. On est encore bloqués, on est une trentaine de voitures à peu près", explique-t-il, aux premières heures de la journée de mercredi.

La région de Valence et la côte méditerranéenne espagnole en général subissent régulièrement, en automne, le phénomène dit de la "gota fria" (la "goutte froide"), une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes, parfois pendant plusieurs jours.

Les scientifiques avertissent depuis plusieurs années que les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les tempêtes, sont à la fois de plus en plus fréquents, de plus en plus longs et de plus en plus intenses en raison du changement climatique.

Hugo Septier, Matthieu Heyman avec AFP