Madrid pourrait priver de salaire les dirigeants indépendantistes catalans

De gauche à droite, le chef des finances de la Catalogne Oriol Junqueras, le président de la région Carles Puigdemont, le président du parlement Carme Forcadell et l'ancien président régional Artur Mas, lors d'un rassemblement à Barcelone le 21 octobre 2017. - Lluis Gene - AFP
Madrid s'apprête à prendre le contrôle total des finances de la Catalogne, déjà mises sous tutelle partielle, ce qui laisserait sans aucunes ressources le gouvernement catalan, dont les dirigeants se verraient privés de salaires.
Le gouvernement central compte arrêter de verser les salaires des dirigeants séparatistes, notamment le président régional Carles Puigdemont. "Il ne touchera plus rien", a résumé ce lundi la vice-présidente du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria.
En septembre, les banques avaient reçu l'ordre de contrôler strictement tous les mouvements des comptes et des cartes bancaires de l'exécutif catalan, la Generalitat.
Rajoy veut mettre la main sur les "recettes" directes
Fin septembre, un doute avait déjà plané sur le versement du salaire des 170.000 fonctionnaires de la Generalitat, car le gouvernement catalan refusait de fournir à Madrid le registre complet de ces employés, avec leurs jours d'arrêt maladie, coordonnées bancaires, etc.
Un accord avait été trouvé in extremis, et les salaires avaient finalement été versés sans retard. Une fois votées les mesures demandées au Sénat, Madrid disposera d'un accès direct aux registres du personnel de l'administration catalane. Le versement de leurs salaires sera donc facilité.
Samedi, le gouvernement de Mariano Rajoy a par ailleurs annoncé qu'il comptait mettre la main sur les "recettes" perçues directement par le gouvernement catalan.
Composées de certains impôts (patrimoine, succession) et des frais d'inscription dans les universités, ces recettes représentent environ un quart des revenus de l'exécutif catalan.
Si le Sénat -où les conservateurs de Mariano Rajoy ont la majorité absolue- vote vendredi les mesures demandées par le gouvernement, la direction générale des impôts de Catalogne devra faire contresigner toutes ses décisions par le ministère espagnol du Budget, et non plus par l'actuel n°2 catalan Oriol Junqueras.
Madrid a déjà la main sur le reste des ressources catalanes
L'exécutif catalan n'aura donc plus aucune marge de manoeuvre financière, car Madrid a déjà la main sur le reste de ses ressources financières.
Le gouvernement espagnol avait décidé dès la mi-septembre de court-circuiter financièrement le gouvernement régional catalan, afin d'éviter que ses dirigeants n'utilisent l'argent public pour organiser le référendum d'autodétermination du 1er octobre, par exemple pour acheter des urnes.
En temps normal, l'Etat espagnol lève lui-même la majeure partie des impôts (sauf au Pays Basque et en Navarre, autonomes sur ce point), puis les répartit entre les différentes régions, qui paient ensuite les fonctionnaires, les services sociaux, éducatifs, etc.
Depuis le 15 septembre, Madrid ne verse plus cet argent sur le compte du gouvernement catalan, mais paie directement les factures des services publics "essentiels" de Catalogne (hôpitaux, écoles, police, etc.), ainsi que les salaires des fonctionnaires.