Espagne: l'incendie à Tenerife n'est toujours pas contrôlé, plus de 12.000 personnes évacuées

Le feu de forêt, qui a brûlé environ 5000 hectares sur un périmètre de 50 kilomètres, a encore mobilisé 225 pompiers dans la nuit de vendredi à samedi. - AFP/UME
Le feu de forêt ravageant l'île de Tenerife, dans l'archipel espagnol des Canaries ne faiblit pas. De fortes rafales de vent et des températures plus élevées ont facilité la propagation de cet immense brasier qui s'est déclenché mardi soir et qui a contraint plus de 12.000 personnes à quitter leur foyer.
"L'incendie dépasse notre capacité à l'éteindre, peut-être pas dans tous les secteurs, mais dans une grande partie d'entre eux", a expliqué Pedros Martinez, responsable des opérations de lutte contre l'incendie, ajoutant que les pompiers étaient mis en difficulté sur le terrain par le vent et d'importants nuages de fumée.

Un feu "dévastateur"
"C'est un feu dévastateur, un feu d'une échelle complètement différente, une échelle que les Iles Canaries n'avaient jamais connue avant", s'est désolée la cheffe du gouvernement de Tenerife, Rosa Davila.
Depuis le déclenchement de l'incendie et jusqu'à vendredi, environ 4500 personnes avaient été évacuées. Samedi soir, le président du gouvernement régional des Canaries, Fernando Clavijo, a indiqué qu'"un total de 12.279 personnes" ont été évacuées jusqu'à présent, en citant des chiffres de la Guardia Civil.
Quelques heures auparavant, les services de secours avaient fait état sur le réseau social X (ex-Twitter) d'"estimations provisoires suggérant que plus de 26.000 personnes ont été évacuées". Les autorités régionales, qui avaient relayé ce chiffre, ont expliqué qu'il était "basé sur les chiffres du recensement" des zones soumises à des ordres d'évacuation.
Ces nouvelles évacuations interviennent alors que les météorologues ont averti que le mercure allait de nouveau grimper durant le week-end à Tenerife, compliquant ainsi les efforts des pompiers sur le terrain.
8400 hectares ont brûlé
Ce feu de forêt, qui a brûlé environ 8400 hectares sur un périmètre de 70 kilomètres, a encore mobilisé 225 pompiers dans la nuit de vendredi à samedi. La zone affectée par l'incendie couvre plus de 4% de la superficie de l'île de Tenerife, qui s'étend sur 203.400 hectares.

Le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, et le ministre du Tourisme, Hector Gomez, doivent visiter samedi le centre de contrôle des incendies, tandis que le Premier ministre Pedros Sanchez devrait, lui, s'y rendre lundi selon les autorités.
Vendredi soir, l'incendie avait déjà affecté dix municipalités de l'île de Tenerife, la plus grande des sept qui composent l'archipel espagnol des Canaries situé au large des côtes ouest de l'Afrique.
A la mi-journée de vendredi, les autorités avaient constaté "une évolution favorable" sur le front principal de l'incendie qui s'était "comporté durant la nuit de manière plus normale", avait dit Montserrat Román, cheffe du département de la protection civile de l'archipel, permettant de rendre le travail des pompiers moins difficile.
Un nuage de fumée haut de huit kilomètres
L'incendie a généré un important nuage de fumée de huit kilomètres de haut, visible sur les images satellites, qui a dépassé le sommet du Teide, un volcan surplombant l'île et point culminant de l'Espagne avec ses 3715 mètres d'altitude.
Ce feu de forêt survient entre deux vagues de chaleur sur l'île, qui compte de nombreuses zones asséchées, ce qui augmente le risque de feux de forêt.
Selon les experts, les phénomènes météorologiques extrêmes se sont intensifiés en raison du réchauffement de la planète. Les canicules risquent ainsi d'être plus fréquentes et plus intenses, et leur impact plus étendu.
L'île a vécu des incendies plus importants en termes de surface brûlée, notamment en 2007, mais les conditions météorologiques et la topographie de celui-ci ont fait dire jeudi à Fernando Clavijo que l'archipel faisait face à son incendie "le plus compliqué" depuis 40 ans.
En 2022, 300.000 hectares ont été détruits par plus de 500 incendies en Espagne, un record en Europe, selon le Système européen d'Information sur les Feux de Forêt (Effis). Près de 76.000 hectares ont déjà brûlé en 2023 dans ce pays, en première ligne face au réchauffement climatique.