Canons Caesar, lance-missiles… Ville hôte du sommet de l'Otan, Vilnius est transformée en forteresse

Un char près du lieu du sommet de l'Otan à Vilnius, en Lituanie, le 9 juillet 2023. - PETRAS MALUKAS / AFP
Vilnius est, deux jours durant, la ville la plus sûre du monde. "Il serait plus qu'irresponsable de ne pas avoir notre ciel protégé quand Joe Biden et les leaders de 40 pays arrivent", a déclaré le président lituanien Gitanas Nauseda. De fait, ce mardi, les États membres de l'Otan ainsi que d'autres dirigeants invités, à l'instar du président ukrainien Volodymyr Zelensky, se rassemblent à Vilnius.
La capitale lituanienne se situe à une trentaine de kilomètres seulement de la Biélorussie, alliée de Moscou notamment prête à accueillir les troupes de Wagner ou même des armes nucléaires russes, et également à 150 kilomètres de la frontière russe. Les autorités locales ont ainsi démultiplié les mesures de sécurité, massivement appuyées par les Occidentaux, transformant la ville en véritable forteresse.
Renforcement des frontières
L'armée lituanienne a annoncé avoir affecté 3000 militaires à la sécurité du sommet, qui doit se tenir ce mardi et ce mercredi, qui viennent d'additionner aux 1500 policiers déployés pour l'événement.
La Lituanie a également triplé ses activités aux frontières, aux limites de son territoire avec la Biélorusse et la Russie, appuyée par du personnel venu notamment de Pologne et de Lettonie. Le pays se prépare à "diverses provocations" a indiqué le chef des gardes-frontières, Rustamas Liubajevas, dans des propos rapportés par Reuters.
Ce dernier a expliqué craindre l'arrivée de vagues de migrants ou des patrouilles militaires proche de la frontière. En 2021, plusieurs milliers d'exilés étaient arrivés à la frontière avec la Biélorussie, lors d'un épisode que les pays occidentaux considèrent comme une tentative délibérée de déstabilisation perpétrée par Minsk.

Blindés et systèmes anti-aériens
En outre, plusieurs pays de l'alliance transatlantique ont également fourni des systèmes avancés de défense, l'armée lituanienne manquant notamment d'armes anti-aériennes.
Comme le rapporte Reuters, à l'aéroport de Vilnius, au moins huit lance-missiles Patriot opérés par les forces allemandes étaient visibles, deux pointés vers Kaliningrad, en Russie, deux autres en direction de la Biélorussie. "Vous savez où vous vous situez géographiquement et vous savez assez bien d'où vient la menace", a déclaré le lieutenant-colonel Steffen Lieb, commandant du déploiement des Patriot.

"La Lituanie nous a demandé de protéger le sommet, et l'Otan a également demandé l'aide de l'Allemagne. C'est notre réponse", a-t-il complété.
1000 soldats supplémentaires
De son côté, l'Espagne a apporté à Vilnius un système de défense aérienne NASAMS, quand la France a déployé des camions Caesar, notamment utilisés sur le front en Ukraine, et des systèmes anti-drones, également fournis par Londres.
La Pologne et l'Allemagne ont, eux, envoyé des militaires spécialisés dans les opérations spéciales en hélicoptères. D'autres pays ont partagé des équipements pour être en mesure de faire face à une attaque chimique, biologique, radiologique ou nucléaire. Au total, 1000 soldats ont été envoyés sur place par seize pays de l'Otan.
Pour le président lituanien, l'ampleur de cet effort commun pour garantir la sécurité de l'espace aérien pendant le sommet prouve que l'Otan doit installer d'urgence des systèmes permanents de défense aérienne dans les pays baltes.
"Nous pensons à ce qui arrivera après la fin du sommet, et nous travaillerons avec les alliés afin de créer une force en rotation pour une protection aérienne permanente", a-t-il déclaré.
Pour ces deux jours, le centre-ville de Vilnius sera en grande partie fermé, les véhicules interdits dans plusieurs quartiers et certains services postaux arrêtés. Le maire de la ville a d'ailleurs conseillé aux habitants concernés de prendre des congés à l'extérieur de l'agglomération pour éviter les difficultés.