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Grande-Bretagne: Theresa May ou Andrea Leadsom, qui pour succéder à David Cameron?

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En Grande-Bretagne, deux femmes s’opposent pour succéder à David Cameron, le Premier ministre démissionnaire. Andrea Leadsom et Theresa May ont été désignées par les députés conservateurs ce jeudi à l’issue d’un vote. Mais les deux candidates ne partent pas avec les mêmes chances.

Depuis le vote en faveur du Brexit, l’avenir politique de la Grande-Bretagne se dessine lentement. Alors qu’il était pressenti pour succéder à David Cameron, Boris Johnson, l'ancien maire de Londres, a fait défection. Tout comme Nigel Farage, le leader du parti eurosceptique Ukip. Tous deux étaient des partisans acharnés de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Jeudi, les députés conservateurs ont choisi les deux candidats qui s’affronteront pour le poste de Premier ministre. Et il s’agit de deux candidates. L’une d’elles occupera le 10 Downing Street le 9 septembre. Mais elles ne partent pas avec les mêmes chances.

La favorite et l'outsider

D’un côté, Theresa May, 59 ans, fait figure de favorite. Ministre de l’Intérieur et fidèle de David Cameron, elle a recueilli jeudi 199 voix sur 329 dans son camp. Avant le vote sur le Brexit et malgré son euroscepticisme, elle avait fait campagne pour le "In", et cette position la sert aujourd’hui, alors que beaucoup de citoyens regrettent les résultats du référendum. Députée depuis 19 ans, l'ancienne secrétaire générale du Parti conservateur est connue de tous et reconnue dans le champ politique.

De l’autre côté, Andrea Leadsom, 53 ans, est l’outsider de cette course à la tête du gouvernement. Elle n’a recueilli que 84 voix dans son camp, mais s’est dit "ravie du résultat". Issue du milieu de la finance, où elle a fait carrière, elle se présente comme une admiratrice de Margaret Thatcher, la Dame de fer. Secrétaire d’Etat à l’Energie sous David Cameron, elle bénéficie désormais du soutien de Boris Johnson, qui ne tarit pas d’éloges à son propos. "Elle va impulser un souffle à la fois positif, et optimiste ainsi que la confiance dont le pays a besoin", a-t-il déclaré après le vote des députés devant les caméras de BFMTV.

Theresa May, candidate de l'unité

Restée à l’écart des luttes qui ont divisé le camp conservateur avec le débat sur le Brexit, Theresa May apparaît aujourd’hui comme la candidate capable de mettre tout le monde d’accord. Et c’est une carte sur laquelle elle compte bien jouer.

"J'ai gagné les votes des députés conservateurs de tous les bords, de gauche comme de droite, des partisans du Brexit et des autres, de partout au Royaume-Uni. Ce vote montre que le parti conservateur peut s'unir et derrière mon leadership, il le fera", a-t-elle affirmé devant les caméras.

Leadership et féminisme

"Nous avons besoin d’un leadership attesté pour négocier la meilleure sortie de l’Union européenne, unifier notre parti et construire un pays qui fonctionne pour tout le monde", a-t-elle aussi déclaré sur son compte Twitter.

Une partie de la presse britannique s’accorde d’ailleurs sur cette ligne défendue par la candidate. Le Sunday Times décrit Theresa May comme "la seule figure capable d’unifier les factions rivales du parti" des Tories, tandis que dans le Telegraph, les tribunes de députés conservateurs se succèdent en sa faveur. Le 8 juillet, l’Ecossaise Ruth Davidson explique ainsi dans les colonnes du journal pourquoi Theresa May fera un "meilleur Premier ministre pour (le) parti, pour le pays et pour le chemin qui reste à parcourir."

Theresa May, qui a dirigé le ministère des Femmes et des Egalités pendant deux ans, semble aussi vouloir faire jouer la carte du féminisme. Vingt-six ans après le départ de Margaret Thatcher, c’est en effet la première fois qu’une femme sera à nouveau à la tête du gouvernement britannique. "Je suis aussi très contente que notre prochain Premier ministre soit une femme", a-t-elle expliqué sur Twitter, se félicitant d’être opposée à Andrea Leadsom dans cette course.

Andrea Leadsom, la promesse d'un "nouveau départ"

Quasiment inconnue avant le référendum, Andrea Leadsom espère quant à elle déjouer les pronostics. Députée depuis six ans seulement, elle n’a jamais tenu de portefeuille important au sein du gouvernement conservateur. Après trois décennies passées à la City de Londres, c’est lors de la campagne pour le référendum qu’elle a commencé à se faire un nom, grâce à plusieurs interventions remarquées à la télévision.

"La décision que nous avons prise le 23 juin restera comme un grand moment dans l'Histoire. Nous allons retrouver notre liberté", a-t-elle souligné en présentant sa candidature quelques jours après le référendum.

Elle promet aujourd’hui un "nouveau départ" aux Britanniques. Mais l’emporter face à Theresa May, adoubée par la majorité, pourrait être compliqué pour Andrea Leadsom. Malgré le soutien de Nigel Farage et de Boris Johnson, elle ne fait pas l’unanimité au sein de son propre parti et est parfois considérée comme inexpérimentée, voire illégitime. "Si elle gagne, il faudra de nouvelles élections" législatives, écrit l'éditorialiste Daniel Finkelstein dans le Times en critiquant son manque d'expérience.

Theresa May et Andrea Leadsom seront départagées pendant l’été, grâce à un vote de 150.000 adhérents au parti conservateur.

C.V. avec AFP