Accord franco-britannique: un premier migrant renvoyé en France

Des migrants montent à bord d'un bateau de passeurs pour tenter de traverser la Manche, au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 26 mars 2025 - Sameer Al-DOUMY © 2019 AFP
Un premier migrant a été expulsé du Royaume-Uni vers la France ce jeudi 18 septembre, dans le cadre de l'accord migratoire conclu cet été entre les deux pays, un renvoi dont s'est félicité le gouvernement travailliste, sous pression pour réduire l'immigration irrégulière.
Le gouvernement de Keir Starmer, en difficulté face à la montée du parti d'extrême droite Reform UK, a promis d'endiguer les traversées de la Manche vers le Royaume-Uni, dont le nombre atteint un niveau record depuis le début de l'année, avec plus de 31.000 arrivées.
Un accord prévu jusqu'en 2026
Selon le ministère britannique de l'Intérieur qui a annoncé ce premier renvoi dans un communiqué, cet homme était arrivé en Angleterre en août à bord d'une petite embarcation. Il est d'origine indienne, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale française, et a été expulsé à bord d'un vol commercial de la compagnie Air France.
Conclu en juillet lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron au Royaume-Uni et entré en vigueur début août, cet accord prévoit le retour en France de migrants arrivés à bord de petits bateaux au Royaume-Uni, en échange de l'envoi outre-Manche de migrants se trouvant en France, sur le principe du "un pour un".
Très critiqué par les ONG, cet accord pilote, prévu pour durer jusqu'en juin 2026, est censé dissuader les traversées.
La ministre de l'Intérieur britannique Shabana Mahmood- nommée début septembre à la tête du Home Office- a salué dans un communiqué ce premier renvoi comme un "important premier pas pour sécuriser" les frontières du pays.
"Cela envoie le message aux personnes qui traversent (la Manche) sur des petits bateaux: si vous entrez au Royaume-Uni illégalement, nous chercherons à vous expulser", a-t-elle insisté.
D'autres vols transportant des migrants vers la France sont encore prévus cette semaine et la prochaine, a précisé le Home Office. Dans l'autre sens, de premiers migrants autorisés à venir au Royaume-Uni arriveront "dans les prochains jours" depuis la France, selon la même source.
Mais "les autorités françaises sont très frileuses et passent au crible les profils des personnes qu'on veut lui renvoyer", ont indiqué plusieurs sources à l'AFP.
Contestations juridiques et critiques des ONG
Mardi, le gouvernement britannique a subi un revers quand la Haute Cour de Londres a temporairement bloqué l'expulsion prévue le lendemain d'un migrant érythréen, qui a contesté son renvoi en se disant victime de trafic d'êtres humains.
Le gouvernement a décidé de faire appel de cette décision et annoncé qu'il allait "examiner" la législation sur l'esclavage moderne pour éviter qu'elle ne soit "mal utilisée" afin d'éviter des expulsions. Les ONG, elles, s'organisent pour aider les migrants à déposer des recours.
L'association française l'Auberge des migrants a notamment dénoncé "un marchandage cynique de vies humaines".
Pour sa porte-parole, Stella Bosc, l'accord est voué à l'échec. "C'est de l'affichage politique et de la communication avant tout", a-t-elle dit. Pierre Makhlouf, de l'ONG Bail for immigration detainees (BID), a aussi pointé "un flou" qui ouvre la voie à de nombreux recours.
Une politique migratoire sous haute pression
Selon les médias britanniques, deux avions qui devaient acheminer des migrants vers la France en début de semaine, ont finalement décollé sans aucun migrant à leur bord.
Depuis début août, le Royaume-Uni a commencé à placer en détention des migrants dans le cadre de cet accord très critiqué par les ONG. Selon le journal The Guardian, 92 personnes étaient détenues en début de semaine en attendant leur renvoi en France.
Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le gouvernement travailliste, qui a abandonné le projet des conservateurs d'expulser des demandeurs d'asile vers le Rwanda, agit sur divers front pour tenter de réduire l'immigration irrégulière.
Il a signé plusieurs accords de coopération avec d'autres pays (Allemagne, Irak, etc.), renforcé les moyens de la police aux frontières pour lutter contre les réseaux de passeurs. Quelque 35.000 migrants ont été expulsés, une hausse de 13% sur un an.