Islamisation silencieuse, abus sexuels... Les obsessions complotistes du suspect de l'attaque de Magdebourg

Au moins cinq personnes sont mortes et 200 blessées dans une attaque à la voiture-bélier, vendredi 20 décembre, sur le marché de Noël de Magdebourg. Le profil du suspect interpellé, un médecin saoudien installé en Allemagne depuis 2006, continue d'interroger. Qualifié d'"islamophobe" par les autorités, il a partagé à de nombreuses reprises ses obsessions autour de la politique d'asile allemande.

Deux jours après l'attaque mortelle du marché de Magdebourg, le profil du suspect, Taleb A., médecin saoudien installé en Allemagne depuis 2006, soulève des questions.

Le crime du quinquagénaire, placé en détention provisoire ce samedi 21 décembre au soir, "pourrait avoir comme arrière-plan un mécontentement à l'égard de la manière dont les réfugiés d'Arabie saoudite sont traités en Allemagne", a déclaré à la presse le procureur local Horst Walter Nopens.

La ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser, a elle qualifié le suspect d'"islamophobe", au vu de ses prises de position publiques. Taleb A., exerçant comme psychiatre dans la région, s'était présenté dans une interview à l'AFP en 2022 comme "athée", ce qui l'avait conduit à fuir son pays où il affirmait avoir été "menacé de mort pour apostasie de l'islam".

Extrêmement critique de la politique d'asile allemande

Il avait évolué ces dernières années sur les réseaux sociaux vers un discours radical, mâtiné de complotisme, ne cachant pas ses sympathies pour les thèses de l'extrême droite contre l'immigration musulmane.

En substance, il reprochait aux autorités allemandes de ne pas assez protéger les Saoudiens fuyant leur pays pour des raisons religieuses ou politiques, et de se montrer à l'inverse généreuses à l'égard de réfugiés musulmans venus du Moyen-Orient.

Des obsessions qu'il avait développées lors d'une interview accordée à la Fondation RAIR USA, le 12 décembre dernier, qui se présente comme "une organisation militante de base composée d'Américains ordinaires à la tête d'un mouvement visant à reprendre notre République au réseau d'individus et d'organisations qui font la guerre aux Américains, à notre Constitution, à nos frontières et à nos valeurs judéo-chrétiennes".

Dans cet entretien, le suspect se présente comme une personne aidant les "anciens réfugiés musulmans fuyant les persécutions de l'Arabie saoudite", notamment des "femmes saoudiennes" pour les "aider à obtenir un statut de réfugiées". Se présentant comme "un ex-musulman", il se montre extrêmement virulent vis-à-vis de la politique d'asile allemande, "le seul pays dans lequel un ex-musulman peut se voir refuser sa demande d'asile".

"L'Allemagne accueille des Syriens alors que beaucoup ne sont pas seulement musulmans, mais des islamistes, et rejette dans le même temps des Saoudiens, qui sont pour beaucoup, je le sais, des ex-musulmans", développe-t-il.

"J'ai les preuves que l'Allemagne essaye de détruire les vies d'ex-musulmans saoudiens, même s'ils vivent en dehors de l'Allemagne, et même s'ils n'ont aucune intention de demander l'asile en Allemagne. L'Allemagne essaye de détruire leur vie", ajoute-t-il encore.

"S'ils veulent me tuer, tant pis"

Taleb A. poursuit alors sur une autre de ses obsessions complotistes: les soi-disant abus sexuels commis par les autorités allemandes sur les réfugiées saoudiennes. "Le gouvernement allemand commet des crimes, comme des abus sexuels, pour forcer des Saoudiens ex-musulmans à consommer de la drogue (...) L'Allemagne utilise les abus sexuels contre des réfugiées saoudiennes", affirme-t-il, se présentant comme celui qui "révèle la vérité" et se dit menacé à ce titre par les autorités.

"S'ils veulent me tuer, tant pis. Ils essayent de m'intimider et peut-être qu'ils planifient vraiment de faire quelque chose", pointe celui qui fustige "l'islamisation silencieuse de l'Allemagne" et pour qui les "gens de gauche sont les plus grands criminels sur cette planète".

Elise Phillipps avec Fanny Rocher