Attentat de Solingen: l'auteur syrien de l'attaque au couteau condamné à perpétuité

Des policiers à Solingen (Allemagne), lieu d'une attaque au couteau qui a plusieurs morts et blessés le 23 août 2024. - Gianni GATTUS / DPA / AFP
L'auteur syrien de l'attaque jihadiste au couteau dans la ville allemande de Solingen, qui avait fait trois morts lors de festivités en août 2024, a été condamné à la prison à perpétuité ce mercredi 10 septembre par le tribunal de Düsseldorf.
Cet attentat, et d'autres commis par des ressortissants étrangers, avait pesé sur les élections législatives de l'hiver suivant, qui ont vu un essor record du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD). Le tribunal a retenu la motivation islamiste de l'attaque, revendiquée par le groupe État islamique (EI) qui avait également fait huit blessés graves.
Selon le président du tribunal, Issa al Hasan, âgé de 27 ans, "approuvait les objectifs de l'État islamique" et a agi "en raison de ses convictions islamistes radicales".
"J'ai tué et blessé des innocents"
Il voulait "répondre à l'appel des dirigeants de l'EI à commettre des attentats en Europe de l'Ouest", et ce afin notamment de "se venger pour les combattants de l'EI morts au combat", a-t-il aussi déclaré.
Le condamné est originaire de la région de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, bastion de cette organisation jihadiste pendant la guerre civile ayant démarré en 2011.
Issa al Hasan était passé aux aveux à l'ouverture de son procès fin mai, admettant dans une déclaration lue par son avocat avoir "commis un crime grave". "J'ai tué et blessé des innocents, pas des infidèles", avait-il déclaré.
En plus de la prison à vie, le tribunal a retenu la reconnaissance de la "gravité particulière de sa culpabilité", ce qui rend peu probable une éventuelle libération. C'est la peine qu'avait requise le parquet fédéral, compétent pour les affaires de terrorisme.
Au premier soir du festival d'été de Solingen, l'agresseur avait frappé au hasard devant la scène où se déroulait un concert, visant "le cou et le haut du corps" des spectateurs, "principalement par derrière", selon l'accusation.
Il a ensuite pris la fuite, avant de se rendre le lendemain aux autorités. Le même jour, l'organisation État islamique a revendiqué l'attaque.
Celle-ci avait aussi mis en lumière les failles du règlement européen de Dublin, selon lequel le premier pays de l'Union dans lequel est entré un étranger est responsable de sa demande d'asile.
Plusieurs attaques en Allemagne en un an
Issa Al Hassan se trouvait en situation illégale en Allemagne et aurait dû être expulsé vers la Bulgarie où son arrivée avait été enregistrée en 2022, selon les lois européennes.
Mis sous pression par l'extrême droite et les conservateurs, le gouvernement de centre-gauche d'Olaf Scholz avait, après l'attentat, durci la législation sur le port de couteaux et rétabli des contrôles à l'ensemble de ses frontières pour lutter contre l'immigration illégale.
L'immigration et la sécurité ont été des thèmes majeurs de la campagne législative qui a suivi. Selon un sondage pour le compte de la chaîne publique WDR, près d'un habitant de Solingen sur quatre assure avoir durci ses positions sur l'immigration de réfugiés après l'attaque.
Depuis un an, d'autres attaques au couteau ou à la voiture-bélier ont choqué l'Allemagne et favorisé les discours anti-immigration.
Pour les attaques au couteau visant un rassemblement anti-Islam à Mannheim, qui a fait un mort en mai 2024, et celle visant un groupe d'écoliers, qui avait fait deux morts en janvier 2025 à Aschaffenbourg (sud), les suspects sont des ressortissants afghans.
Si les conservateurs (CDU) du chancelier Friedrich Merz ont remporté les législatives de février, le scrutin a été marqué par le score record du parti d'extrême droite AfD, arrivé deuxième avec un cinquième des voix.
Aujourd'hui, la formation anti-immigration fait quasiment jeu égal avec la CDU dans les sondages. Pour enrayer cette ascension, Friedrich Merz a opéré un nouveau tour de vis sur la politique migratoire, instaurant notamment le refoulement des demandeurs d'asile aux frontières.
En juillet, sa coalition a organisé le rapatriement de 81 condamnés afghans dans leur pays, malgré la présence au pouvoir des talibans. L'initiative a aussitôt été dénoncée par l'ONU.