En Iran, une militante des droits humains condamnée à 10 ans de prison et 148 coups de fouet

L'avocate militante Nasrin Sotoudeh en décembre 2014 - Kaveh Kazemi
Il s'agit d'une condamnation beaucoup plus sévère que prévu. Lundi, l'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, célèbre militante des droits humains qui purge une peine de prison de cinq ans, a été condamnée par le tribunal révolutionnaire à dix années d'emprisonnement supplémentaires et 148 coups de fouet. C'est son mari, Reza Khandan, qui a divulgué cette information auprès des médias.
Cette condamnation a été prononcée pour "incitation à la débauche", a-t-il précisé. Son épouse est poursuivie pour sept chefs d'accusations regroupés dans un même dossier et condamnée, au total, à 33 années de prison.
Selon Reza Khandan, "seule la peine (d'emprisonnement) la plus longue s'applique", en l'occurrence celle pour "incitation à la débauche".
Défense des manifestants emprisonnés
La condamnation aux coups de fouet serait liée notamment au fait que Nasrin Sotoudeh s'était présentée au tribunal par le passé sans le voile islamique, dont le port est imposé aux femmes dans l'espace public. L'avocate de 55 ans est en effet célèbre pour sa défense des manifestants emprisonnés, comme des jeunes femmes ayant défié cette loi sur le voile. Elle fut lauréate, en 2012, du Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit.
Quant à la peine qu'elle purge actuellement, la militante a appris après son emprisonnement en juin 2018 qu'elle était incarcérée pour avoir été condamnée, dans un jugement qui n'avait pas été rendu public, à cinq ans de prison pour des accusations d'espionnage, selon un de ses avocats.
"Conspiration"
Reza Khandan a indiqué que son épouse s'était vu notifier ses nouvelles condamnations en prison. Selon Mohammad Moghimi, un de ses avocats, Nasrin Sotoudeh a décidé de ne pas se faire représenter au tribunal, estimant que la procédure en cours ne réunit pas les conditions d'"un procès équitable".
Son mari n'a pas été en mesure de donner le décompte précis des condamnations de l'avocate dans l'affaire en cours, qui inclut selon lui des poursuites pour "conspiration" et "propagande contre le système" politique de la République islamique, appartenance à une organisation de défense des droits humains interdite, participation à une campagne pour l'abolition progressive de la peine de mort en Iran ou encore "atteinte à l'ordre public".
Soutien des députés français
Mercredi à l'Assemblée nationale, les députés français ont salué le courage de Nasrin Sotoudeh par une ovation debout.
Le député La République en marche François Cormier-Bouligeon a lancé lors des questions au gouvernement "un cri de colère" au sujet du sort de l'avocate, dénonçant sa condamnation au terme d'un procès "inique". Des députés de tout bord se sont alors levés pour applaudir la militante.
Dans la foulée, le secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, a rappelé l'appel d'Emmanuel Macron à la libération de Nasrin Sotoudeh. "Nous appelons l'Iran à respecter ses engagements internationaux, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques", a-t-il poursuivi.