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Ebola: l'émouvante sortie de l'hôpital de l'aide-soignante espagnole guérie

Teresa Romero, à sa sortie de l'hôpital, mercredi, à Madrid.

Teresa Romero, à sa sortie de l'hôpital, mercredi, à Madrid. - Gérard Julien - AFP

L'aide-soignante espagnole Teresa Romero, contaminée fin septembre par le virus Ebola, a pu quitter l'hôpital madrilène après un mois très éprouvant.

Enfin libre! Teresa Romero, la première personne contaminée par le virus Ebola hors d'Afrique, a quitté mercredi l'hôpital à Madrid, en Espagne, après avoir brièvement témoigné de son calvaire. "Quand je me sentais mourir, je me suis accrochée à mes souvenirs, à ma famille, à toute la société espagnole qui luttait contre Ebola", a-t-elle lancé en sortant, invoquant Dieu et l'apôtre Jacques, patron du pays.

L'aide-soignante de 44 ans, amaigrie par la maladie et portant un gros pull à col roulé, s'exprimait pour la première fois depuis son hospitalisation, devant une foule de journalistes, au cours d'un bref point de presse organisé juste avant qu'elle ne quitte l'hôpital Carlos III de Madrid, où elle était arrivée très mal en point le 6 octobre dernier.

Un sang devenu porteur d'anticorps

"Cette maladie n'a pas compté pour le monde occidental tant que la contagion n'est pas arrivée ici", a observé Teresa Romero, qui aurait contracté Ebola en soignant un missionnaire infecté et rapatrié de Sierra Leone, mort le 25 septembre. Parlant de son infection, elle a reconnu ne pas savoir "ce qui a cloché, et peut-être que rien n'a cloché", refusant ainsi d'entrer publiquement dans la polémique sur une éventuelle imprudence de sa part, ou une négligence des autorités sanitaires qui n'auraient pas bien protégé le personnel.

Très émue, peinant à contenir ses larmes, Teresa Romero a remercié ses collègues, l'équipe qui l'a soignée, et les Espagnols pour les milliers de messages d'encouragement qu'ils lui ont adressés. Elle a ensuite assuré qu'elle souhaitait que son sang désormais porteur d'anticorps puisse servir pour soigner d'autres patients et espéré que son cas rendrait service à la science. Quelque 100 professionnels ont travaillé à sa guérison, selon la direction de l'hôpital Carlos III.

Son chien Excalibur euthanasié

"Elle pourra mener une vie tout à fait normale, il n'y a plus une trace de virus dans son organisme", a ajouté le docteur José Ramon Arribas. Le médecin a précisé que l'aide-soignante aurait encore besoin de temps pour se remettre "complètement", rappelant qu'elle avait été hospitalisée pendant 30 jours et souffert d'une "infection très grave" ayant causé un problème "respiratoire". Teresa Romero, qui travaillait depuis une quinzaine d'années dans cet hôpital, a développé les premiers symptômes le 29 septembre. Son cas avait provoqué une polémique en Espagne sur la possible impréparation du personnel et le manque d'équipement adapté, mais aussi sur le fait qu'elle n'avait pas été isolée suffisamment vite, risquant ainsi de contaminer d'autres personnes.

Son mari Javier Limon, lui, a dénoncé en son nom l'euthanasie de leur chien, Excalibur, alors que Teresa luttait pour la vie. Celui-ci, malgré une mobilisation immense sur les réseaux sociaux, a été tué par les autorités sanitaires de Madrid afin d'éviter qu'il ne risque de propager le virus. Selon Javier Limon, il a été "exécuté" avant même que l'on ne sache s'il était porteur du virus.

Le taux de mortalité de cette fièvre hémorragique peut approcher les 70%. L'épidémie a déjà tué 4.951 personnes depuis mars et touché 13.567 personnes, principalement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, selon le bilan au 31 octobre de l'Organisation mondiale de la santé.

A. G. avec AFP