Donald Trump décapitant la Statue de la liberté: Der Spiegel justifie sa une choc

- - La couverture de Der Spiegel
Donald Trump décapitant la Statue de la liberté, sa tête couronnée dans une main, un couteau sanguinolent dans l'autre. Avec pour titre "America first", soit "l'Amérique d'abord", reprenant le slogan de campagne du nouveau président des États-Unis. La couverture du dernier numéro de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, daté de samedi, a été largement commentée. Après deux jours de controverse, le rédacteur en chef du magazine s'est défendu et a expliqué son choix à l'agence Reuters.
"Le Spiegel ne veut provoquer personne. Nous voulons montrer les enjeux réels de ce qui se passe, il est question de démocratie, de liberté, de liberté de la presse, de liberté de la justice, et tous ces éléments sont clairement menacés. Nous défendons la démocratie... Est-ce que l'heure est grave? Oui."
Si certains, comme The Washington Post, ont salué une couverture "stupéfiante", d'autres, comme Die Welt, ont dénoncé une page qui "dévalorise le journalisme". Comme le rappelle le Daily Mail, ce dessin fait référence aux décapitations mises en scène par les membres du groupe terroriste Daesh.
"La décapitation de la démocratie"
L'illustrateur qui créé le dessin, Edel Rodriguez, est un réfugié politique cubain arrivé aux États-Unis en 1980. Selon lui, cette image représente "la décapitation de la démocratie, la décapitation d'un symbole sacré".
"J'avais neuf ans quand je suis arrivé ici, donc je m'en souviens bien. Je me souviens de ce que j'ai ressenti et je sais ce que les petits enfants ressentent lorsqu'ils quittent leur pays", a-t-il expliqué au Washington Post. "Cela me peine qu'on empêche aujourd'hui des enfants de venir aux États-Unis."
"Je n'ai fait qu'une comparaison"
Il assume la référence aux horreurs du groupe terroriste. "Les deux sont extrémistes, je n'ai fait qu'une comparaison entre les deux." En décembre 2015, lorsque Donald Trump avait déclaré souhaiter interdire l'entrée les musulmans sur le sol américain, le New York Daily News l'avait déjà caricaturé en train de décapiter la Statue de la liberté, un sabre à la main.
Ce n'est pas la première fois que Der Spiegel se montre sévère vis-à-vis de Donald Trump. En novembre dernier, l'hebdomadaire avait choisi pour sa une un dessin du milliardaire, qui venait d'être élu, caricaturé en météorite, fondant sur la planète Terre la bouche grande ouverte, avec pour légende "Das Ende der Welt (wie wir sie kennen)", soit "La fin du monde (tel que nous le connaissons)".
L'illustration de la décapitation de la Statue de la liberté a été reprise dès samedi par des manifestants lors d'une marche en faveur des personnes LGBT à New York.
Très partagée sur les réseaux sociaux, la couverture a même été détournée, comme avec le message "Trump only", soit "Seulement Trump".