Crash du vol Paris-Le Caire: le point sur l'enquête

L'Egypte a affirmé hier que des traces d'explosifs avaient été trouvées sur des victimes du crash d'un avion d'EgyptAir. Ce vol MS804 s'était abîmé en mer Méditerranée entre la Crète et la côte nord de l'Egypte. Peu avant, il avait disparu des écrans radars. Les 66 personnes à bord dont 40 Egyptiens et 15 Français avaient été tués.
Aucune revendication et de la fumée à bord
De son côté, la France a toujours privilégié la thèse d'un incident technique. L'analyse de l'une des boîtes noires, celle contenant les données de vol, avait révélé que des alertes signalant de la fumée à bord s'étaient déclenchées avant le crash de l'Airbus A320. A cela s'ajoute une absence de revendication.
C'est pourquoi, à cette annonce, le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile s'est montré circonspect.
"En l'absence d'informations détaillées sur les conditions dans lesquelles ont été effectuées les prélèvements et les mesures ayant conduit à la détection de traces d'explosifs, le BEA considère qu'il n'est pas possible à ce stade d'en tirer des conclusions sur l'origine de l'accident", a indiqué une porte-parole.
"Un chantage de la part des autorités égyptiennes"
Depuis plusieurs mois, des frictions persistent entre la France et l'Egypte. En cause: la France n'a pas accès aux pièces à convictions. Du côté du Caire, en revanche, les autorités sous-entendent que la France ne participe pas pleinement à l'enquête.
"On est dans la manipulation", a dénoncé en France le secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac) Stéphane Gicquel.
"Aucun élément n'accrédite la piste terroriste. Il s'agit d'un chantage de la part des autorités égyptiennes pour faire accréditer cette thèse et protéger la compagnie EgyptAir en rejetant la responsabilité sur Paris", a-t-il ajouté.
Si la thèse de l'attentat était établie, elle poserait des questions sur comment une bombe aurait pu être embarquée à l'aéroport Charles-de-Gaulle de Paris d'où l'avion avait décollé, estiment des experts égyptiens.
Les corps non restitués aux familles
Quant aux familles des victimes, elles dénoncent la non-restitution des corps de leurs proches.
"Rien ne peut légitimer un tel retard. Les proches des victimes ont l'impression d'être pris en otages dans le jeu diplomatique entre Paris et Le Caire", avait déploré en septembre Me Sébastien Busy, avocat de 22 familles, dont quatre Françaises.
Jeudi, la France a espéré que la transmission du rapport de la commission d'enquête au Parquet "ouvre le plus rapidement possible la voie à la restitution des dépouilles des victimes".