Couacs en série pour le "Secret Service" d'Obama

Le "Secret Service" est plus que jamais au centre de la polémique depuis l'intrusion d'un individu armé dans la Maison Blanche, le 19 septembre. - Brendan Smialowski - AFP
De l'ivresse, des prostitués, des mensonges et d'importantes failles de sécurité. L'United States Secret Service - traduisez, le Service secret des Etats-Unis - fait l'objet de scandales et de critiques grandissantes depuis plusieurs mois.
Une affaire qui prend encore plus d'ampleur, aujourd'hui, après une intrusion à la Maison Blanche qui aurait pu très mal tourner. Récit d'une série incroyable de dysfonctionnements, d'une agence gouvernementale chargée d'assurer la protection de l'un des hommes les plus puissants du monde: le président des Etats-Unis.
L'art de minimiser les faits
Tout débute le soir du vendredi 19 septembre. Omar Gonzalez, 42 ans, crâne rasé et combinaison de détenu, s'introduit dans la Maison Blanche en escaladant une grille haute de 2,30 mètres. Rien de très grave, assure-t-on officiellement le lendemain. Cet ancien soldat qui a servi en Irak, aujourd'hui sans domicile fixe, a simplement pu s'approcher du "portail Nord de l'enceinte" après avoir "désobéi" aux agents du Secret Service qui lui intimaient l'ordre de s'arrêter.
Ce n'est que quelques mètres plus loin que l'individu, présenté comme "non armé", a été interpellé, provoquant tout de même l'évacuation des lieux. Le président américain et sa famille n'étaient pas dans les murs au moment des faits.
Une version des faits revue et corrigée
Le jour même de ces révélations, un autre homme a tenté de s'approcher de la demeure présidentielle américaine, d'abord à pied, puis en voiture. Un incident tout à fait mineur comparé à celui de la veille. Mais qui a permis de braquer de nouveau les projecteurs sur l'agence gouvernementale: la combinaison de ces deux incidents va entraîner des révélations fracassantes.
Ainsi, il apparaît que la première version officielle de l'intrusion du 19 septembre a été très édulcorée. En d'autres termes, les Services secrets ont menti. L'intrus était en fait armé d'un canif doté d'une lame longue de 9 centimètres, tandis que son véhicule était rempli de munitions.
Pis, le 29 septembre, le Washington Post révèle qu'Omar Gonzalez, qualifié de "dangereux", avait finalement réussi à pénétrer à l'intérieur même du bâtiment. Et pas qu'un peu.
L'intrus est allé bien plus loin qu'annoncé
Après avoir passé le hall d'entrée, l'individu a traversé le couloir principal, s'est retrouvé au pied de l'escalier qui mène aux appartements de la famille Obama, puis a pénétré dans la salle Est, avant d'être enfin immobilisé par un gardien… qui n'était plus en service au moment des faits.
Des erreurs à la chaîne
La liste des dysfonctionnements qui ont permis à l'homme de pénétrer aussi loin dans les bâtiments est aussi longue qu'incompréhensible: aucune sentinelle ne l'a repéré en train d'escalader le grillage, les portes de la Maison Blanche n'étaient pas fermées et surveillées que par un seul garde, facilement bousculé par l'intrus.
Quant à l'alarme de sécurité? "Débranchée", avouera Julia Pierson, la directrice du Secret Service sommée de s'expliquer, ce mardi, devant une commission de la Chambre des représentants.
Des coups de feu non-identifiés en 2011
Ce n'est pas tout. Le Washington Post révèle également que, trois ans plus tôt, plusieurs coups de feu avaient été tirés contre la Maison Blanche. En tout, sept balles avaient ciblé le bâtiment présidentiel, le 11 novembre 2011. Dans un premier temps, le Secret Service avait démenti.
Par la suite, l'agence a concédé que quelqu'un avait bel et bien utilisé une arme à feu dans les environs de la Maison Blanche, mais sans que cette dernière ne fût visée. Une version contredite par une gouvernante, qui a retrouvé des morceaux de verre brisé et du ciment éclaté, près de cinq jours après les faits... Un homme, Oscar Ortega Hernandez, sera par la suite arrêté et condamné à 25 ans de prison.
Obama dans le même ascenseur qu'un inconnu armé
C'est la toute dernière révélation en date, et elle émane cette fois du Washington Examiner. Lors d'un déplacement à Atlanta, en Géorgie, Barack Obama s'est retrouvé à prendre un ascenseur entouré de ses gardes, mais aussi d'un autre agent de sécurité, extérieur à son service. Ce qui est totalement interdit par le protocole.
A force de prendre des photos du président américain avec son smartphone, l'agent de sécurité a finalement été interrogé par les services secrets. C'est à ce moment qu'ils se sont rendus compte que l'homme était armé. Et possédait un casier judiciaire garni de trois condamnations pour coups et blessures.
Ivresse à Amsterdam et prostituées colombiennes
A deux reprises, le Secret Service s'est attiré les foudres de l'opinion de par le comportement de ses membres. En avril 2012, une dizaine d'agents s'étaient retrouvés sur la sellette après avoir abusé de la boisson et fait la fête avec des prostituées en Colombie, alors qu'ils préparaient la venue de Barack Obama pour le sommet des Amériques, à Carthagène.
Des faits similaires se sont produits cette année, au mois de mars, à Amsterdam, la veille de l'arrivée du chef d'Etat américain. Tous ont été renvoyés aux Etats-Unis et mis à pied.
Critiquée de tout part, Julia Pierson, la directrice du Sercret Service, a annoncé sa démission ce mercredi soir.