Compromis en vue à la conférence de Cancun sur le climat

Les négociations sur le climat ont progressé vendredi à Cancun, où un projet d'accord entre pays riches et pauvres se dessine en dépit des objections de la Bolivie. /Photo d'archives/REUTERS/Petr Josek - -
par Alister Doyle et Timothy Gardner
CANCUN, Mexique (Reuters) - Les négociations sur le climat ont progressé vendredi à Cancun, où un projet d'accord entre pays riches et pauvres se dessine en dépit des objections de la Bolivie.
Les ministres de l'Environnement - une centaine sont présents dans la cité balnéaire mexicaine - devaient plancher toute la nuit pour parvenir à un compromis sur l'avenir du protocole de Kyoto, qui fixe des objectifs contraignants aux seuls pays industrialisés, à l'exception des Etats-Unis, qui l'ont signé mais pas ratifié. Sa première phase d'engagements expire en 2012.
De nombreux pays en développement ainsi que l'Union européenne et les Etats-Unis se sont félicités du compromis négocié vendredi, qui évoque "une seconde phase d'engagement" et un accord à même de "garantir qu'il n'y ait pas de vide entre la première et le seconde phase".
"Nous avons maintenant un texte qui n'est pas parfait mais qui constitue sans aucun doute une bonne base pour aller de l'avant", a commenté Todd Stern, chef de la délégation américaine.
"Il s'agit du meilleur résultat possible pour un exercice collectif", s'est réjouie quant à elle la ministre mexicaine des Affaires étrangères, qui a été ovationnée pendant deux minutes par les délégués.
Une entente sur l'avenir du protocole de Kyoto permettrait d'arracher un modeste accord sur les autres sujets majeurs, dont le financement de l'aide à l'adaptation des pays pauvres aux effets du réchauffement de la planète, la préservation des forêts tropicales et le partage des technologies "vertes".
LA BOLIVIE FAIT OBSTACLE
Le projet négocié par les ministres de l'Environnement doit toutefois être adopté à l'unanimité. Les objections de La Paz pourraient donc le faire capoter.
"La Bolivie n'est pas prête à signer un document qui autorise une progression de la température moyenne, qui exposera davantage de gens à la mort", a affirmé le délégué bolivien Pablo Solon. Quelques jours plus tôt à Cancun, le président Evo Morales avait accusé les pays industrialisés de commettre un "écocide".
Le Venezuela et le Nicaragua, tous deux proches de la Bolivie, ont prôné la poursuite des négociations.
Comme tous les dossiers en discussion sont plus ou moins imbriqués, les négociateurs doivent d'abord sortir de l'impasse sur l'avenir du Protocole de Kyoto. Or le Japon, la Russie et le Canada ont prévenu qu'ils ne prolongeraient pas le protocole et ont réclamé un nouveau traité incluant les autres pays émetteurs de gaz à effet de serre, à commencer par les Etats-Unis, la Chine et l'Inde.
Les pays émergents et en développement soutiennent, eux, que les pays riches, parce qu'ils sont historiquement responsables de l'accumulation de gaz à effet de serre depuis la Révolution industrielle, doivent faire l'effort avant qu'eux-mêmes ne s'engagent dans une politique de réduction des émissions qui mettrait à mal leur développement.
Théoriquement, la 16e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui a débuté le 29 novembre doit s'achever ce vendredi, mais elle pourrait être prolongée d'une journée. "Cela dépend de la présidence mexicaine", a expliqué John Ashe, un des représentants des Nations unies.
Avec Alister Doyle et Gerard Wynn; Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français