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Attentats en Espagne: le mimétisme de Daesh et ses attaques low cost

Les policiers déployés à Barcelone.

Les policiers déployés à Barcelone. - Josep LAGO / AFP

Voitures-béliers, armes blanches, ceintures d'explosifs factices... Les terroristes reproduisent souvent le même mode opératoire lors d'un attentat. Décryptage avec Jean-Charles Brisard, le Président du Centre d'Analyse du Terrorisme (CAT).

Deux attentats à la voiture-bélier ont été commis ce jeudi soir à Barcelone et à Cambrils. Bilan: au moins 14 morts et une centaine de blessés. Ce mode opératoire, désormais tristement célèbre, est de plus en plus prôné par Daesh.

On voit l'apparition d'un mimétisme dans les attaques terroristes en Europe. Comment l'expliquez-vous?

Il existe en effet un processus de mimétisme emprunté par les soldats de Daesh lorsqu'ils veulent commettre un attentat dans une capitale européenne. Ce processus, qui existe depuis déjà plusieurs années, s'est accéléré ces derniers mois.
L'essentiel pour les terroristes, c'est la résonance médiatique et la facilité d'usage et d'achat de véhicules ou d'armes dans le but de passer à l'acte. Ce risque d'attentat risque donc malheureusement de se reproduire.
La conséquence, c'est que d'autres individus seront tentés de reproduire les mêmes schémas que les terroristes. Même si les capitales européennes ont renforcé leur sécurité, le risque zéro n'existe pas: comment se prémunir d'un individu qui s'achète une camionnette dans le but de commettre un attentat?

Pourquoi le mode opératoire de la voiture-bélier est-il de plus en plus utilisé par les terroristes?

C'est devenu un moyen "conventionnel" de plus en plus utilisé par les terroristes, car il permet notamment de toucher le plus grand nombre de personnes. Il a été notamment utilisé à Nice sur la promenade des Anglais en juillet 2016, mais également, on se souvient, à Londres ou encore à Berlin.

Autre mode opératoire utilisé: les ceintures d'explosifs factices. Dans le but, non seulement d'intimider à la fois les passants et la police, mais également pour pouvoir mourir en martyr, abattus par la police.

Dans l'attaque de Cambrils hier soir, certains terroristes portaient de fausses ceintures d'explosifs. De même, un engin explosif factice avait été retrouvé à l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, lors de l'assassinat du prêtre Jacques Hamel en juillet 2016.

Avec l'utilisation du mode opératoire des voitures-béliers, on assiste à l'émergence d'attaques low cost, mais cela concerne également les armes utilisées par les terroristes.

Nous faisons face à des actes de terrorisme commis avec des armes rudimentaires. Dans le cas de l'attentat de Barcelone, on est face au même cas de figure: les terroristes utilisent de moins en moins des armes lourdes car ils savent qu'elles seront plus facilement détectées par les services de renseignement.
Ce fut le cas récemment lors de l'attentat sur le parvis de Notre-Dame de Paris, lorsqu'un individu a agressé un policier avec un marteau et lors de l'attaque à Saint-Etienne-du-Rouvray, l'un des terroristes ayant égorgé le prêtre octogénaire avec une arme blanche.

Pauline Armandet