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Russie: bientôt une loi contre la "propagande" promouvant la vie sans enfant?

Une séance à la Douma (Russie), le 23 mars 2023.  (Photo d'illustration).

Une séance à la Douma (Russie), le 23 mars 2023. (Photo d'illustration). - Alexander ASTAFYEV / Sputnik

La Russie est confrontée à une importante chute de son taux de natalité. Pour y faire face, un projet de loi a été présenté pour interdire la "propagande" qui valorise un mode de vie sans enfant.

Une amende car vous promouvez une vie sans enfant? Ce sera peut-être bientôt le cas en Russie. Un projet de loi dans ce sens a été adopté unanimement par les législateurs de la Douma, qui est l'une des composantes du Parlement russe.

Le texte vise à contrer la "propagande" qui mettrait en valeur un mode de vie sans enfant. À cause du vieillissement de sa population, le taux de natalité de la Russie est à son niveau le plus faible depuis 25 ans. La guerre en Ukraine, qui a fait plus d'un demi-million de victimes russes depuis février 2002 selon le Wall Street Journal, a aussi accentué cette problématique de natalité.

"Le message est clair : accoucher, c'est tout"

Si le projet de loi est définitivement adopté, les Russes qui feraient la promotion d'une vie sans enfant risqueraient une amende pouvant aller jusqu'à 400.000 roubles (environ 3.800 euros). Pour les ressortissants étrangers, cela pourrait entraîner une expulsion du pays.

"Il est important de protéger les citoyens, en particulier la jeune génération, de l’idéologie de la stérilité qui leur est imposée sur Internet, dans les médias, dans les films et dans la publicité", a expliqué le président de la Douma, Viatcheslav Volodine. Ce soutien de Vladimir Poutine a estimé que la question de la natalité relevait de la sécurité nationale de la Russie qui ferait face à une offensive occidentale sur ce sujet: "C'est un élément de propagande professionnelle, qui fait partie d'une guerre hybride visant à réduire la population."

Ce projet législatif suscite l'inquiétude des militants féministes du pays qui craignent une restriction des droits des femmes. "Le message est clair : accoucher, c'est tout", a déclaré à Reuters Olga Suvorova, une militante des droits de l'homme basée dans la ville sibérienne de Krasnoïarsk.

"Les femmes sont transformées en véritables 'récipients' pour porter des enfants, sans tenir compte de leur situation, de leurs motivations et de leur aspiration à avoir une carrière ou une famille", a-t-elle dénoncé.

Le parcours législatif du texte ne fait que débuter. Il doit encore être examiné à deux reprises à la Douma, avant d'être approuvé par la chambre haute puis par Vladimir Poutine lui-même.

En juillet dernier, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, avait estimé que le problème de natalité était "catastrophique pour l'avenir de la nation". En 2016, deux importants sites pornographiques avaient été fermés en Russie, déjà dans le but de relancer la natalité.

Matthieu Heyman