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"Nous avons des camarades français": ces mercenaires étrangers de l'armée russe qui combattent en Ukraine

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Une équipe de BFMTV a pu se rendre dans la région de Donetsk, à l’Est de l’Ukraine, en territoire occupé par les Russes. Sur place, ils ont rencontré des soldats étrangers, au recrutement opaque.

Ils sont Colombiens, Srilankais, et combattent aux côtés de l’armée russe, dans la région de Donetsk, à l’Est de l’Ukraine, en territoire occupé par les Russes.

Alors que les négociations de paix entre Russie et Ukraine sont toujours au point mort, et que Moscou ne cesse d'intensifier ses frappes contre Kiev, l'armée russe a décidé de faire appel à des étrangers venus des quatre coins du monde. BFMTV a pu rencontrer plusieurs mercenaires venus combattre aux côtés du pays de Vladimir Poutine.

Treillis militaire et lunettes de soleil noir sur le nez, le soldat Mo est parti de la Colombie pour rejoindre la brigade internationale "Pjatnashka" depuis deux ans. Cette formation irrégulière d'anciens combattants de l'armée s'est constituée en 2014, au début de la guerre dans le Donbass.

"J'ai déjà payé un lourd tribut"

À côté de lui, un homme entièrement masqué, confie à nos caméras être venu du Sri Lanka. "J'ai servi 22 ans dans l'armée de mon pays. J'ai 42 ans et je suis marié", explique-t-il.

Deux ans après le début de l'invasion russe en Ukraine, Moscou cherche toujours à enrôler des soldats dans le monde entier, parfois de force. Une idée pourtant démentie par ces militaires, qui affirment avoir rejoint l'armée russe librement. Toutefois, les circonstances de leur recrutement restent mystérieuses.

"C'est un ami qui m'a parlé de cette opportunité, il m'a aidé à venir jusqu'ici", explique Mo qui assure avoir pris un vol depuis Bogota jusqu'à Madrid, avant de rejoindre le Donbass. Concernant la suite de son enrôlement dans l'armée russe, ce dernier indique ne pas pouvoir donner plus de détails sur cet aspect.

Au sein de la brigade, plusieurs nationalités s'entremêlent avec les soldats russes. "Dans la brigade, nous avons des camarades français", affirme auprès de notre équipe Mo.

Pour s'insérer dans les rangs de cette armée, le militaire colombien assure que tous les soldats doivent parler russe, "pour faciliter notre travail", assurant toutefois que les soldats sont regroupés par langue.

Pour certains, combattre auprès de l'armée russe a laissé de nombreuses séquelles. À l'image de Mo, qui confie avoir perdu son œil lors d'une attaque de drone kamikaze. "Je sais ce qu'il en coûte de s'impliquer dans ce conflit (...) J'ai déjà payé un lourd tribut", explique-t-il.

Une rémunération inférieure à celles des soldats russes

Néanmoins, combattre aux côtés des Russes était une décision naturelle pour Mo: "j'aime les valeurs de la Russie, mais je mentirais si je disais que ce n'était pas aussi pour l'argent". Une rémunération que les soldats n'ont pas souhaité confier auprès de notre équipe.

Selon nos informations, ces militaires étrangers gagnent environ trois fois le salaire moyen qu'en Colombie, qui est d'environ 8.930 euros à l'année, mais beaucoup moins que les soldats de nationalité russe.

Dimanche, 13 civils, dont trois enfants de la même famille, ont péri dans des attaques de missiles et drones russes, selon Kiev.

De son côté, le ministère russe a assuré que ses propres frappes en Ukraine étaient une "réponse" à des attaques de drones ukrainiens ayant fait des victimes civiles russes. La Russie affirme toujours ne viser que des installations liées à l'armée en Ukraine, même si des villes entières ont été ravagées par son assaut.

Jérémy Normand, Clément Granon, Manuela Braun avec Ilyana Hamiti