Ioulia Navalnaïa, veuve d'Alexeï Navalny, espère un jour voir Vladimir Poutine fait "prisonnier"

L'opposant russe Alexeï Navalny avec son épouse Ioulia, à l'hôpital de la Charité à Berlin. Photo postée sur son compte Instagram @navalny le 21 septembre 2020 - AFP
Elle continue le combat de son défunt époux. Ioulia Navalnaïa, veuve de l'opposant russe Alexeï Navalny, mort en février dernier, a déclaré souhaiter voir Vladimir Poutine perdre son statut en Russie au point d'être un jour mis en détention, dans une interview au Sunday Times ce dimanche 20 octobre.
"Je veux qu'il passe d'une sorte de tsar de Russie à un prisonnier ordinaire en Russie", clame-t-elle.
Assurant ne pas haïr le président russe, elle dit espérer tout de même le voir emprisonné, "comme (son) mari l'a été", s'exprimant à différents médias, avant la sortie de Patriot, les mémoires posthumes de son mari, prévue mardi 22 octobre.
"Alexeï m'a transmis une force incroyable"
L'opposant Alexeï Navalny, ennemi juré de Vladimir Poutine, est mort en détention en février dans une prison de l'Arctique, dans des circonstances floues.
Pour sa veuve, cependant, les causes de la mort de son mari ne font aucun doute. "J'ai su immédiatement, en février, qu'Alexeï avait été assassiné par Poutine", jure-t-elle dans une interview au média néerlandais NRC. "Mais pour avoir une idée complète de ce qui lui est exactement arrivé, des recherches approfondies doivent être menées et cela prend du temps", assure-t-elle.
Depuis, elle dit sa détermination à vouloir poursuivre le combat de son mari disparu contre le président russe. "Alexeï m'a transmis une force incroyable", dit-elle.
"Je suis convaincue qu’un jour nous gagnerons", même si "cela pourrait prendre des années", dit-elle.
"Jamais je n'abandonnerai la Russie"
Ioulia Navalnaïa, 48 ans, a elle été inscrite au registre des "terroristes et extrémistes" en Russie en juillet, peu après qu'un mandat d'arrêt a été émis à son encontre pour "participation à un groupe extrémiste".
Elle révèle au Sunday Times qu'elle n'avait, malgré son statut aujourd'hui, en réalité jamais envisagé de prendre la tête de l'opposition russe en cas de décès de son époux. "Je pense qu'il aurait aimé me maintenir éloignée de ces choses politiques dangereuses", juge-t-elle.
"Mais vous réalisez que vous n'avez pas le choix. Bien sûr, vous pourriez vous taire. Mais ce n'est pas moi. Jamais je n'abandonnerai la Russie", explique-t-elle.
Exilée en Allemagne
Elle qui habite depuis de nombreuses années en Allemagne explique exclure un retour en Russie avant d'être sûre de "ne pas être détenue dans un aéroport comme Alexeï", reconnaissant que "personne ne sait" quand cela pourrait se produire.
Concernant la décision de son mari de revenir en Russie en janvier 2021 malgré les risques, matérialisés par une arrestation immédiate, Ioulia Navalnaïa a "totalement compris qu'il fallait se battre".
"C'est sa vie, c'est son choix, ce sont ses convictions. En le persuadant de rester en exil, je me serais sentie plus coupable", assure-t-elle.
"Je savais combien (ses) ennemis étaient dangereux"
La veuve d'Alexeï Navalny raconte par ailleurs au Corriere della Sera qu'elle savait que son mari craignait le pire. "Depuis dix ans, je savais combien les ennemis de mon mari étaient dangereux et jusqu’où ils étaient prêts à aller pour le faire taire", lâche-t-elle.
Peu avant d'être conduit en détention, Alexeï Navalny avait confié à son épouse, comme elle le raconte: "Je pense qu'il y a de fortes chances que je ne quitte jamais cet endroit, acceptons cela". "J'ai juste répondu: 'je sais'", dit-elle au média italien.
Ioulia Navalnaya raconte par ailleurs qu'elle ne se faisait guère d'illusions ensuite face à la possibilité d'un échange de prisonniers qui aurait pu concerner son mari avant sa mort. "Je sais comment ça se passe quand vous négociez avec Poutine (...) Il ment tout le temps. C'est pour ça que je n'ai jamais cru que ça se produirait", assure-t-elle.