"Créer une zone tampon": la Russie justifie son offensive inédite dans la région ukrainienne de Dnipropetrovsk

La Russie affirme ce lundi 9 juin vouloir créer notamment une "zone tampon" en lançant une offensive dans la région ukrainienne de Dnipropetrovsk, une avancée inédite après plus de trois ans de guerre.
Questionné par la presse, lors de son briefing hebdomadaire, sur l'avancée russe à Dnipropetrovsk, située près de la frontière russe, et la possibilité de créer une zone tampon, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu: "sans aucun doute, cela en fait partie", rapporte Reuters, citant l'agence russe Tass.
La Russie a annoncé dimanche attaquer la région ukrainienne de Dnipropetrovsk, qui borde celles de Donetsk et Zaporijia déjà partiellement sous contrôle russe. Il s'agit d'une première en plus de trois ans de conflit, à un moment où les négociations de paix sont dans l'impasse.
Cette région, contrairement aux oblasts de Donetsk, Zaporijia, Lougansk, Kherson et à la Crimée, ne fait partie des territoires ukrainiens que la Russie a jusqu'ici officiellement revendiqués.
Les troupes "avancent", selon Moscou
Ce lundi, le ministère russe de la Défense assure que ses troupes "continuent d'avancer dans les profondeurs de la défense de l'ennemi" et contrôlent davantage de territoire à Dnipropetrovsk, selon des médias russes d'État, cités par Reuters.
L'agence de presse indique ne pas être en mesure de vérifier cette information de manière indépendante.
"Quiconque refuse de reconnaître les réalités de la guerre lors des négociations se verra confronté à de nouvelles réalités sur le terrain. Nos forces armées ont lancé une offensive" dans la région de Dnipropetrovsk, a déclaré sur Telegram l'ancien président russe Dmitri Medvedev, l'actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe.
Une valeur stratégique sur le terrain pour la Russie?
Cette offensive, si elle se vérifie, constituerait un revers significatif pour les troupes ukrainiennes, en difficulté sur le front faute d'effectifs et d'armements suffisants.
L'objectif d'une telle poussée russe pourrait être de couper les lignes de communication et d'approvisionnement de l'Ukraine destinées à ses troupes situées dans la région de Donetsk, estime l'Institut pour l'étude de la guerre, basé aux États-Unis.
Une telle avancée russe pourrait également avoir une valeur stratégique sur le terrain, en pleine discussion diplomatique poussée par Washington en vue d'un règlement du conflit, sans résultats à l'heure actuelle.
Toutefois, selon Oleksiï Kopytko, spécialiste ukrainien de ces questions, une avancée dans la région de Dnipropetrovsk présente "beaucoup plus de risques que d'avantages pour la Russie", en raison de son "impossibilité à concentrer des troupes" en nombre suffisant "pour une percée", dit-il à l'Agence France-presse.
Kiev assure que ses troupes "tiennent leur secteur"
Dimanche soir, seul le commandement ukrainien des forces de défense du Sud a réagi à l'annonce de l'avancée russe en disant que "l'ennemi n'abandonnait pas ses intentions d'entrer dans la région de Dnipropetrovsk", dans le centre-est, et en soutenant que les soldats ukrainiens "tenaient leur secteur du front".
Toujours dimanche, mais plus tôt dans la journée, les autorités de la région de Dnipropetrovsk avaient fait part d'un mort dans un bombardement russe à Mejova, à 13 kilomètres de la région de Donetsk. Moscou a par ailleurs annoncé dimanche la prise de Zaria, un village de la région de Donetsk.
Avant l'offensive russe de février 2022, quelque trois millions de personnes vivaient dans la région de Dnipropetrovsk, dont environ un million dans sa capitale, Dnipro, qui est régulièrement la cible de frappes meurtrières de drones et de missiles.
De nombreux Ukrainiens, fuyant les combats dans les régions orientales de Donetsk et de Lougansk, ont par ailleurs trouvé refuge dans cette partie du territoire ukrainien.