Après Brittney Griner et Viktor Bout, d'autres prisonniers échangés entre la Russie et les États-Unis?

La star américaine du basket Brittney Griner, libérée ce jeudi 8 décembre dans le cadre d'un échange de prisonniers entre Washington et Moscou. - AFP
Après des mois de négociations, la basketteuse américaine Brittney Griner est de retour aux États-Unis, après dix mois de détention en Russie. Elle avait été arrêtée en février pour avoir transporté une petite quantité d'huile de cannabis. En pleine période d'extrêmes tensions entre la Washington et Moscou, cette libération s'est faite en échange de celle de Viktor Bout, trafiquant d'armes russe.
"Il ne s'agissait pas pour nous de choisir quel Américain ramener à la maison. C'était un choix entre ramener un Américain ou aucun", a déclaré Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche.
En effet, plusieurs citoyens américains sont toujours emprisonnés en Russie. Depuis 2017, la Russie a maintenu en détention au moins un citoyen américain par an, selon un rapport de la campagne "Bringing our Families Home". Dans le même temps, des Russes sont également détenus sur le sol américain. Ce vendredi, Vladimir Poutine a jugé "possibles" d'autres échanges de prisonniers avec Washington.
• Paul Whelan détenu depuis 4 ans en Russie
Comme le rapportent plusieurs médias américains dont The Hill, au moins un Américain a été inclus dans les pourparlers pour être libéré en même temps que Brittney Griner. Il s'agit de Paul Whelan, un ancien militaire devenu directeur de la sécurité de l’équipementier automobile américain BorgWarner.
Âgé de 52 ans, il est arrêté en 2018 à Moscou, alors qu'il se rendait à un mariage. Deux ans plus tard, en 2020, il est condamné à seize ans de prison pour espionnage, une décision qu'il a dénoncée comme "politique" et "fabriquée de toute pièce".
Dans un appel avec la chaîne CNN, Paul Whelan a salué la libération de Brittney Griner mais s’est dit "fortement déçu" de ne pas faire partie de l'échange. "Je ne comprends pas pourquoi je suis toujours là", a-t-il déclaré. Selon le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, Moscou "traite le dossier (Paul Whelan) de manière différente".
"Malgré nos efforts incessants, le gouvernement russe ne s'est pas encore montré disposé à mettre fin à sa détention injustifiée, qui aurait dû prendre fin depuis longtemps", a-t-il ajouté.
• Marc Fogel détenu depuis 16 mois en Russie
De la même manière que Brittney Griner, Marc Fogel, 61 ans, est détenu en Russie après avoir été arrêté en possession d'une petite quantité de cannabis, en août 2021. Il a déclaré qu'il en consommait à des fins médicales pour faire face à des douleurs, et qu'il avait essayé d'en rapporter une partie en Russie, où cette substance est illégale.
En effet, Marc Fogel vit à Moscou et exerce comme professeur d'histoire à l'école anglo-américaine de Moscou, une prestigieuse école pour les enfants de diplomates à l'étranger, depuis dix ans, rapporte le Washington Post. Il a été condamné à quatorze ans d'incarcération dans un camp de travail.
Toutefois, les autorités américaines n'ont jamais directement abordé la libération de Marc Fogel dans leurs déclarations sur les échanges de prisonniers avec la Russie. En outre, elles n'ont jamais désigné le professeur comme étant détenu à tort.
"Les enseignants sont au moins aussi importants que les joueurs de basket", a déploré Marc Fogel dans une lettre adressée à sa famille.
"Parfois, nous ne sommes pas en mesure de parler de cette personne en particulier... Il y a des raisons à cela - pour leur propre sécurité, pour leur propre vie privée", a déclaré Karine Jean-Pierre, interrogée sur la question.
• Roman Seleznyov détenu aux États-Unis depuis 2011
De l'autre côté de la table des négociations, Moscou demande également la libération de concitoyens emprisonnés aux États-Unis. Alors que Vicktor Bout, trafiquants d'armes surnommé le "marchand de mort", a été rendu à la Russie, le nom d'un autre Russe a été mentionné dans les négociations.
Il s'agit de Roman Seleznyov, dont la libération a été publiquement demandée par le gouvernement russe ces dernières semaines. Selon son avocat, dans des propos rapportés par l'agence de presse Reuters, il serait un "candidat idéal" pour un éventuel échange de prisonniers entre Moscou et Washington.
Roman Seleznyov, fils de Valery Seleznyov, membre de la chambre basse du parlement russe et critique virulent de la politique américaine, purge une peine de 27 ans de prison pour divers cybercrimes, dont la vente de données de cartes de crédit américaines volées.
Les enquêteurs américains ont découvert les activités en ligne de Roman Seleznyov à la fin des années 2000 et ont demandé l'aide de la Russie. Très rapidement, les traces de Roman Seleznyov en ligne ont disparu, ce qui a conduit les enquêteurs américains à penser que la Russie le protégeait. L'ambassade russe aux Etats-Unis lui a également récemment rendu visite en prison, preuve de la volonté de le rapatrier.
• Le sort d'Alexander Vinnik
Des médias russes ont, eux, évoqué ce vendredi le sort d'Alexander Vinnik, un expert russe en informatique extradé en août aux États-Unis, où il est visé par 21 chefs d'accusation, dont usurpation d'identité, complicité de trafic de drogue et blanchiment d'argent.
Les avocats d'Alexander Vinnik ont avancé le nom de leur client à des responsables en Russie et aux États-Unis estimant qu'il était "un bon candidat" car il "intéresse beaucoup les deux parties, et c'est aussi quelqu'un qui n'a tué personne. Il n'a pas commis de crime violent". Il a toutefois été écarté de l'accord de ce jeudi.
Plus tôt dans l'année, en avril dernier, un autre échange entre Washington et Moscou avait eu lieu avec l’ex-Marine américain Trevor Reed, condamné à neuf ans de prison en Russie pour des violences, échangé avec Konstantin Iarochenko, un pilote russe incarcéré aux Etats-Unis pour trafic de cocaïne.