Qui est Viktor Bout, le détenu russe échangé contre la star américaine du basket Brittney Griner?

"Briseur de sanctions", "marchand de la mort" ou encore "Lord of war". Au cours de sa riche carrière de marchand et trafiquant d'armes, le russe Viktor Bout, qui ce jeudi a été échangé avec la star américaine du basket Brittney Griner alors qu'il purgeait une peine de prison de 25 ans outre-Atlantique, s'est forgé une réputation à faire frémir.
À maintes reprises, Moscou avait fait part de son envie de voir Viktor Bout revenir sur son territoire. Il fait dire que l'homme d'aujourd'hui 55 ans, qui a commencé sa longue carrière comme officier de l'Armée rouge du temps de l'URSS, possède un CV bien rempli.
L'histoire commence à la chute du bloc communiste, au début des années 1990, période à laquelle la Russie allait être confrontée à une crise économique et sociale sans précédent accompagnée d'une explosion de la criminalité.
Auparavant officier dans l'aviation soviétique, Viktor Bout parvient à faire main basse sur de nombreux stocks d'armes et d'avions à très bas coût, en particulier des fusils-mitrailleurs AK-47, qu'il va vendre aux quatre coins du monde et livrer via des compagnies aériennes qu'il possède également.
Ainsi, dans les années 1990, Bout est de toutes les guerres, conflits et révolutions armées d'Afrique et d'Asie, de la Sierra Leone à l'Afghanistan, n'hésitant parfois pas à vendre ses armes à deux camps qui s'opposent. Le Figaro rappelle également que Bout parvient à plusieurs reprises à livrer des pays pourtant visés par des embargos, ce qui lui vaut ce surnom de "briseur de sanctions."
Interpellé en 2008
C'est également à cette période que le trafiquant arrive dans les radars de la CIA, qui va en faire l'un de ses objectifs prioritaires. Un ciblage qui ne va pas l'empêcher d'apporter son aide logistique aux États-Unis en Afghanistan et en Irak, rappelle le quotidien.
Au terme de près de 20 ans d'activités illégales, c'est finalement en 2008 que Viktor Bout est interpellé à Bangkok, en Thaïlande, lors d'une opération menée par l'agence antidrogue américaine. Pour faire tomber le trafiquant, les agents se font passer pour ses membres de FARC colombiennes, considérée comme un groupe terroriste par les États-Unis, et concluent avec Bout un accord pour une centaine de missiles. Il est interpellé quelques jours plus tard.
Extradé aux États-Unis contre l'avis de la Russie qui réclame sa libération, il a été condamné à 25 années de prison et à une amende de 15 millions d'euros par le tribunal de New York.
"Pour les Russes il n’est pas considéré comme un trafiquant mais comme un entrepreneur, c’est un oligarque qui fait partie du cercle des leviers d’action de Moscou. Son arrestation avait quelque chose de très humiliant pour Moscou" explique à notre antenne le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense de BFMTV.

Postérité et popularité
Viktor Bout est également passé à la postérité dans l'imaginaire collectif. C'est lui qui a inspiré le personnage de Nicolas Cage dans le film Lord of War de 2006.
"Je ne suis pas le diable créé par Hollywood. Je suis un petit transporteur privé qui travaillait là où les autres n'allaient pas", se justifiait-il dans un entretien accordé au Figaro en 2010.
L'an passé, sa mère, dans un entretien avec l'agence Ria Novosti, avait appelé à son extradition, voire sa libération. "J'ai presque 85 ans, et s'il doit encore effectuer l'autre moitié de sa peine en prison aux États-Unis, je ne serai plus là", avait-elle dit. Son vœu a été, en partie, exaucé ce jeudi.