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Renaud, Français détenu au Népal: "On espère qu'il sera libéré en avril"

Renaud Meyssonier, 27 ans, avant son départ pour un tour du monde qui a terminé en prison.

Renaud Meyssonier, 27 ans, avant son départ pour un tour du monde qui a terminé en prison. - BFMTV.com

Renaud Meyssonnier, Français de 27 ans, a été arrêté au Népal en octobre dernier et condamné à un an de prison dans une affaire de fausse monnaie. Depuis, sa famille, qui clame son innocence, se bat pour accélérer sa libération.

Il avait commencé son tour du monde en mai dernier. "Un rêve d'enfant", raconte son père. Mais le 17 octobre 2015, le voyage s'est brutalement arrêté pour Renaud Meyssonnier, 27 ans, à la frontière indo-népalaise. Le jeune historien français a été arrêté puis incarcéré pour usage de fausse monnaie, après s'être fait escroquer, selon lui, en échangeant des euros à la sauvette. Condamné à un an de prison, Renaud a fait appel et attend un nouveau procès, dont la date n'a toujours pas été fixée, confie son père, René, à BFMTV.com.

Comment expliquez-vous l'arrestation de votre fils?

"Elle est incompréhensible. Au Cambodge, Renaud a changé des euros contre 160 dollars dans la rue pour payer son visa, avant de franchir la frontière népalaise peu après. Sans le savoir, il s'est fait escroquer. Il a découvert que ces dollars étaient des faux lorsqu'il a voulu payer à la douane. La police népalaise l'a alors fouillée, et a trouvé sur lui 21 billets souvenirs qu'il avait ramené du Vietnam. Des billets d'offrande, que les Vietnamiens brûlent dans les temples, et qui imitent des billets de 100 dollars. Il est impossible de les confondre avec des vrais billets. Pourtant, la police l'a arrêté pour posséder sur lui 2.260 faux dollars."

Renaud est-il quelqu'un d'imprudent?

"Non, pas du tout. Il avait minutieusement préparé son voyage de A à Z, en revenant vivre chez nous, huit mois avant son départ. Il avait prévu d'éviter les zones dangereuses. Ce tour du monde, c'était un rêve d'enfant. Il avait déjà fait l'Europe et l'Asie durant cinq mois quand il a été arrêté au Népal, il lui restait encore l'Amérique Latine et l'Océanie."

Dans quel état d'esprit est-il aujourd'hui?

"Renaud est quelqu'un d'assez fort moralement, mais jamais il n'aurait imaginé être en prison un jour. Il arrive à se raisonner en se disant que c'est une épreuve à surmonter. Il lit beaucoup et il écrit en prison."

Comment avez-vous appris son arrestation?

"Il a été arrêté un samedi, le 17 octobre 2015. Nous devions faire un Skype avec lui le soir même. Nous ne nous sommes pas inquiétés outre mesure de son faux bond, on a pensé que c'était un problème de connexion. Le dimanche, on a reçu un mail de lui de cinq lignes, qu'il avait eu le droit de nous envoyer. "Je suis en prison", écrivait-il, sans donner de détail. On est tombés des nues."

Que s'est-il passé ensuite?

"Il a d'abord passé trois semaines dans une geôle, avec une vingtaine de détenus dans une même cellule. Il n'a jamais été menacé ni frappé par quiconque, mais ils devaient se relayer pour avoir la place de s'allonger pour dormir tant ils manquaient d'espace. Ca a été très dur. Il a ensuite été jugé, lors d'un procès dont il n'a pas pu suivre la teneur des débats. L'ambassade n'a pas pu fournir d'interprète francophone, seulement un avocat népalais qui parlait anglais. Durant l'audience, Renaud a pu prendre la parole au tout début, en anglais, puis tout le reste s'est déroulé en népalais, sans qu'il ne comprenne ce qu'il se disait."

Pensiez-vous qu'il pouvait être condamné?

"Non, je me disais qu'il aurait une amende à payer pour ces 160 faux dollars, et rien pour les billets d'offrande vietnamiens. En réalité, il a été condamné à un an de prison, et une amende de 2.260 dollars. Il a fait appel, et désormais, nous attendons une date pour un nouveau procès. Ce ne sera pas avant avril. On espère qu'il sera libéré à cette date."

Comment se déroule sa détention?

"Après le procès, il a été placé dans une petite prison à la frontière, où il était le seul étranger. Les conditions de vie étaient acceptables, car les détenus dorment dans un dortoir, et sont libres de leurs mouvements dans l'enceinte fermée. Mais, il a fini par être transféré à Katmandou, le 16 décembre. Là aussi, c'est un centre où les détenus peuvent aller et venir, mais il y a de très gros problèmes d'hygiène."

Avez-vous pu le voir depuis qu'il est incarcéré?

"Oui, nous nous relayons avec mon épouse. On arrive en moyenne à le voir une fois tous les deux jours dans un parloir, très bruyant, parfois séparé par un grillage, parfois par un muret. On lui fait passer de l'argent pour améliorer son quotidien, et s'acheter des denrées. Nous avons aussi créé une association pour soutenir notre combat (*)."

Etes-vous en contact avec le ministère des Affaires étrangères?

"Au Quai d'Orsay, on nous dit de voir avec l'ambassade. Il faut savoir que Renaud n'est pas un cas unique: près de 2.500 Français sont actuellement détenus à l'étranger. L'ambassade, via son consulat, veille à ce que Renaud soit bien traité, qu'il ne manque de rien, qu'il puisse être soigné au besoin. Mais son rôle n'est pas d'interférer dans une procédure judiciaire. Il n'y a pas de droit d'ingérence de la France dans les affaires d'un Etat souverain. L'affaire judiciaire reste une affaire privée que la famille doit traiter avec l'avocat."

(*) Association Soutenir Renaud au Népal