Rana Plaza: trois associations portent plainte contre Auchan

Trois associations ont décidé de saisir le parquet de Lille pour réclamer à Auchan de participer aux indemnisations des victimes du Rana Plaza au Bangladesh, qui a fait plus de 1.100 morts il y a un an jour pour jour.

C'est la première plainte déposée en Europe dans ce dossier. Jeudi, trois associations ont décidé de saisir le parquet de Lille contre le groupe Auchan, soupçonné d'avoir sous-traité sa production textile au Rana Plaza. Cet immeuble s'était effondré il y a un an jour pour jour au Bangladesh, laissant 1.138 ouvriers morts, et faisant plus de 2.000 blessés.

Le monde entier s'était ému de cette catastrophe, et avait pointé du doigt les grandes chaînes de textile occidentales, accusées d'avoir recours à ce type d'usine où les conditions de travail sont déplorables et les salaires misérables. La tragédie les a contraint à lancer des inspections de sécurité et le gouvernement à relever le salaire minimum. Mais pour les syndicats et les ONG, les distributeurs n'ont apporté que des contributions "tristement insuffisantes" au fonds de 40 millions de dollars mis en place pour aider les victimes.

Auchan s'estime floué par ses sous-traitants

Certains n'ont d'ailleurs pas participé à ce fonds. C'est le cas d'Auchan, et c'est ce qui lui vaut ce dépôt de plainte. "Auchan communique sur le fait qu’elle ait une charte éthique et qu’elle s’engage à produire ses biens dans de bonnes circonstances. Etant donné la différence entre le faire et les dires d’Auchan il nous a semblé urgent de passer à une vitesse supérieure", explique à BFMTV Nayla Ajaltouni, du collectif Ethique pour l'Etiquette.

Pour Auchan, pas question d'indemniser les victimes, alors que le groupe s'estime lui-même floué. Le distributeur, dont des étiquettes de sa marque de vêtements "In Extenso" ont été retrouvées dans les décombres du Rana Plaza, se dit victime d'une "sous-traitance dissimulée". "Aucun lien direct ou indirect n'existe entre Auchan et les entreprises du site", rappelle un porte-parole à BFMTV.com. En revanche, le groupe a mis en place et de sa propre initiative un "plan d'action contre la sous-traitance non déclarée" en juillet 2013, et participe au fonds visant à améliorer la sécurité des bâtiments "textile" au Bangladesh.

Des démarches auxquelles William Bourdon, avocat et président de l'association Sherpa, ne croit pas. "La menace de la sanction et du juge restera le seul outil véritablement dissuassif pour contraindre ces acteurs à cesser d'enfumer la planète avec des messages auxquels parfois ils ne croient pas eux-mêmes."

Alexandra Gonzalez I vidéo: Ani Basar et Francois Pitrel