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"Odieux", "rien n'a changé": tollé après le meurtre filmé d'un couple non marié au Pakistan

Drapeau du Pakistan. Mai 2025. (Photo d'illustration)

Drapeau du Pakistan. Mai 2025. (Photo d'illustration) - pexels

Plusieurs personnes suspectées d'avoir assassiné une femme et un homme non mariés en juin dernier au Baloutchistan ont été arrêtées, ce lundi 21 juillet, par les autorités pakistanaises. Un crime ordinaire dans cette région du sud de l'Asie où les tribunaux tribaux sévissent.

Plus d'une dizaine d'hommes suspectés d'être impliqués dans le meurtre d'un couple non marié au Baloutchistan, dans le sud-ouest du Pakistan, ont été arrêtés, a annoncé ce lundi 21 juillet la police, après la publication d'une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.

D'après un rapport de police consulté par l'AFP, une femme mariée et son amant ont été tués en juin dernier après avoir tenté de s'enfuir, dans les environs de Margat près de Quetta, la capitale provinciale du Baloutchistan, région en proie à des violences récurrentes.

Un tribunal familial

Dans une vidéo largement partagée ces derniers jours sur les réseaux sociaux, on voit des dizaines d'hommes entourés de pick-up et de 4x4 dans une zone montagneuse reculée, ordonnant à une femme et à un homme de se tenir devant eux, avant qu'un homme ne les abatte l'un après l'autre.

"Nous avons arrêté plus d'une dizaine d'hommes impliqués dans l'incident", a déclaré à l'AFP un responsable de la police sous le couvert de l'anonymat, n'étant pas autorisé à parler aux médias.

D'après cette source, le cousin de la femme et l'homme ayant présidé la jirga, un conseil tribal ayant décidé de tuer le couple, font partie des personnes arrêtées. Le gouvernement provincial a décidé de considérer le dossier comme relevant de faits de "terrorisme". De son côté, le ministre en chef du Baloutchistan a dénoncé un incident "odieux".

Au Pakistan, pays profondément conservateur, des centaines de crimes dits "d'honneur" et permettant à des hommes de tuer des femmes de leur famille parce qu'ils réprouvent leur comportement, sont recensés chaque année.

"Ce cas récent, qui n'a fait l'objet d'une intervention que parce que la vidéo est devenue virale, aurait certainement été enterré comme des centaines d'autres qui n'ont pas été signalés", a réagi auprès de l'AFP Nighat Dad, militante des droits des femmes.

"Rien n'a changé", a-t-elle déploré.

Cette dernière regrette que les jirgas continuent d'émettre de telles décisions, en dépit d'une interdiction de la Cour suprême.

C.D. avec AFP