BFMTV
Corée du Nord

"Ces hommes ne connaissent rien au front": les soldats nord-coréens en Ukraine, de la "chair à canon"?

placeholder video
D'après la Maison Blanche, "plus de mille" soldats nord-coréens déployés en Russie pour se battre contre l'Ukraine ont été tués ou blessés sur le front en quelques jours. Des troupes dispensables pour la Russie comme pour la Corée du Nord, selon les spécialistes.

La Russie ou la Corée du Nord n'ont toujours pas confirmé la présence, sur le front ukrainien, de soldats nord-coréens venus appuyer les efforts des troupes russes, en difficulté sur le front.

Pourtant, les services de renseignement sud-coréen et américain estiment que quelque 10.000 hommes ont été envoyés en Russie, pour recevoir une formation, avant d'être déployés dans la région russe de Koursk.

"Plus de 1.000" morts ou blessés en une semaine

En une semaine, "plus de mille" de ces soldats nord-coréens ont été tués ou blessés lors d'assauts "sans espoir" à Koursk, comme l'a indiqué vendredi 27 décembre John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.

"Les forces nord-coréennes mènent des assauts massifs (...) contre les positions ukrainiennes à Koursk. Ces vagues humaines n'ont pas été très efficaces", a affirmé ce porte-parole de la Maison Blanche.

De quoi faire dire à Washington que les troupes nord-coréennes sont utilisées comme de la chair à canon. "ll est clair que les chefs militaires russes et nord-coréens les considèrent comme des troupes pouvant être sacrifiées", a souligné John Kirby.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait assuré plus tôt dans la semaine que près de 3.000 soldats nord-coréens avaient été "tués ou blessés" depuis leur engagement aux côtés de la Russie. "Plusieurs soldats nord-coréens sont morts aujourd'hui. Nos soldats ont réussi à les capturer. Mais ils étaient très grièvement blessés et n'ont pas pu être sauvés", a annoncé le chef d'État vendredi.

"Ça fait penser à la guerre de 14-18"

L'arrivée des soldats nord-coréens sur le front russe a-t-il fait pencher la balance pour Moscou? "L'implication des Nord-Coréens dans les combats n'a pas eu d'impact significatif", a expliqué à l'AFP Iévguen Iérine, le porte-parole du renseignement militaire ukrainien (GUR).

"Il est probable qu'ils aient subi une formation extrêmement sommaire de quelques semaines" avant d'être envoyés sur le front, a abondé pour BFMTV Ulrich Bounat, analyste géopolitique, spécialiste d'Europe centrale et orientale.

"Ces hommes ne connaissent rien au front, ça se remarque sur le terrain (...) On voit des hommes qui attaquent en ligne, en terrain découvert. Ça fait penser à la guerre de 14-18", a-t-il ajouté. "On est véritablement sur de la chair à canon, il n'y a aucun doute."

Pour la Corée du Nord et la Russie, qui ont signé en juin un traité historique de défense mutuelle prévoyant "une aide militaire immédiate" en cas d'agression armée par un pays tiers, le bénéfice d'envoyer ces troupes est total, et le risque minime. "Ces soldats vont au front parce que, de toute façon, c'est obligatoire", a rappelé le Général Jérôme Pellistrandi, consultant défense BFMTV.

"C'est aussi pour le régime de Kim Jong-un l'occasion d'aguerrir son armée", alors que la Corée du Nord n'a pas engagé de troupes depuis la fin de la guerre de Corée, en 1953. "Vladimir Poutine recherche de nouvelles ressources humaines. On estime que Moscou a perdu 700.000 soldats", a-t-il encore pointé.

Fanny Rocher