Trump: la "rust belt", cette région qui peut faire basculer les élections de mi-mandat

Une usine abandonnée à Waterbury, une ancienne ville industrielle du Connecticut, le 21 octobre 2018. - Spencer Platt - Getty - AFP
Une région à scruter tout particulièrement lors du vote de ce mardi. Deux ans après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, les Américains se rendent aux urnes ce 6 novembre, pour les élections de mi-mandat. Si les regards restent focalisés sur le sud des Etats-Unis, c'est bien dans le nord du pays, dans l'arc industriel de la "Rust Belt", le long des grands lacs, que se trouve la clé des élections de mi-mandat et, au-delà, de la présidentielle de 2020.
Des Etats qui pourraient revenir dans le camp démocrate
Les ralliements de l'Ohio, du Michigan, de la Pennsylvanie et du Wisconsin au camp républicain ont fait basculer en 2016 le collège électoral en faveur de Donald Trump alors que sa rivale démocrate Hillary Clinton avait remporté le vote populaire avec près de trois millions de voix d'avance.
Toute la question pour le parti républicain est de confirmer ce mardi ce succès qui tenait avant tout à la personnalité de Trump et fut acquis avec une très courte avance: à peine un point de pourcentage dans le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie.
Candidat au poste de gouverneur dans l'Ohio, le démocrate Richard Cordray, souvent présenté comme un "populiste progressiste", s'est lancé à la reconquête de cet Etat stratégique du Midwest. Lors de ses meetings, il a promis d'améliorer la situation de cet Etat et celle du pays. "2018 mène à 2020", affirme-t-il. Après le traumatisme de 2016, le Parti démocrate doit renouer les liens avec une base électorale qu'il a négligée et abandonnée aux promesses de Donald Trump. Selon les sondages, Cordray paraît en mesure de l'emporter face à son adversaire républicain, Mike DeWine.
Rejet de Trump et inquiétude
Les raisons de cette résurgence démocrate dans la "Rust Belt" sont complexes et dépassent la seule personnalité de Trump, estiment les analystes. Il y a d'abord une bonne implantation locale des candidats démocrates face à des républicains peu connus, une inquiétude croissante provoquée par la déconstruction de l'Obamacare - la réforme de l'assurance maladie portée par Barack Obama -, une mobilisation inattendue des électeurs démocrates et un rejet de la personnalité de Donald Trump.
L'Affordable Care Act, principale réalisation sociale de l'administration Obama, fut le thème de ralliement de la vague ultraconservatrice du Tea Party en 2009 et 2010, qui y était violemment hostile. Mais la couverture maladie élargie s'est, avec le temps, transformée en un acquis auquel la population s'est attachée, notamment dans les Etats industriels défavorisés.
Le rejet de l'Obamacare, réclamé par Trump et défendu par les candidats républicains, peine à convaincre les électeurs, la question de la protection santé étant placée en tête des préoccupations des démocrates et indépendants mais également des femmes dans cette région, selon un récent sondage.
Des Etats stratégiques pour 2020
En Pennsylvanie, le gouverneur démocrate Tom Wolf est en mesure de l'emporter contre le républicain Scott Wagner qui, tentant de faire décoller sa campagne, a diffusé une publicité télévisée dans laquelle il promettait d'écraser son adversaire avec ses chaussures de golf. Dans le Michigan, la sénatrice démocrate Debbie Stabenow a peu à craindre de John James, candidat de Trump, tandis que Gretchen Whitmer n'est guère menacée par le républicain Bill Schuette au poste de gouverneur.
La situation est plus incertaine dans le Wisconsin où le gouverneur républicain Scott Walker est sérieusement concurrencé par le démocrate Tony Evers. Un retour de la "Rust Belt" dans le giron démocrate aurait des conséquences importantes sur les élections de 2020 en raison du poids de ces Etats dans le collège électoral.
Face à ces revers prévisibles, le Parti républicain veut se rassurer en affirmant que les choses seront très différentes dans deux ans et que les électeurs qui hésitent à voter républicain le 6 novembre se mobiliseront pour Trump.