Primaires démocrates: confusion dans l'Iowa, où la publication des résultats est retardée

Le marathon des primaires pour désigner le démocrate qui affrontera Donald Trump à la présidentielle américaine a commencé lundi soir dans l'Iowa, où Bernie Sanders était favori, mais la soirée a tourné à la confusion en raison d'un gros retard dans la publication des résultats.
"Incohérences" dans la compilation des résultats
Près de quatre heures après le coup d'envoi des "caucus", ces quelque 1700 assemblées où les électeurs se sont regroupés pour désigner leur candidat, le Parti démocrate expliquait vouloir s'assurer de la fiabilité des résultats avant de les publier, évoquant des "incohérences" dans leur compilation.
Les Démocrates ont toutefois démenti toute cyberattaque ou irrégularité, alors que dans le camp républicain, certains, à l'instar de Donald Trump Junior, le fils du président, ont aussitôt accusé les dirigeants démocrates de tricherie.
"Nous n'avons toujours pas les résultats, on aurait dû les avoir il y a deux heures. Il y a un problème technique disent les Démocrates, qui retarde la transmission et la centralisation des résultats. [...] C'est une élection extrêmement disputée et on se demande ici si derrière des problèmes techniques il n'y aurait pas des problèmes politiques. C'est une soirée électorale très étrange où les candidats s'expriment les uns après les autres, chacun évidemment prononce des discours de victoire", a expliqué sur notre antenne Jean-Bernard Cadier, correspondant de BFMTV aux Etats-Unis et envoyé spécial dans l'Iowa.
Selon des sources officielles à CNN, les résultats ne seront, par ailleurs, pas connus avant "un certain moment mardi" car aucun résultat n'est "vérifié".
"Longue nuit"
Tous les candidats présents en Iowa ont ainsi prononcé des discours aux allures de victoire. "Nous savons qu'il y a des retards mais nous savons aussi que nous sommes au-delà de nos espérances", a lancé la sénatrice Amy Klobuchar, première candidate à prendre la parole alors que le vainqueur n'était pas encore connu. Elle devait prendre dans la foulée un avion pour le New Hampshire, deuxième Etat à voter, le 11 février.
"Ce sera une longue nuit, mais je suis confiant", a aussi assuré l'ancien vice-président Joe Biden, prédisant un vote "serré". Il a appelé les organisateurs à "faire très attention" dans la compilation des résultats.
De son côté Pete Buttigieg, la star montante des Démocrates, a assuré dans son discours qu'un "espoir improbable est devenu une réalité implacable". Avant d'ajouter que l'Iowa "a bouleversé la nation" car "selon toute vraisemblance, nous allons au New Hampshire victorieux". Aucun résultat n'a, pour autant, encore été divulgué.
Avant le vote, le sénateur Sanders était en tête dans les sondages dans l'Iowa. Il compte sur une victoire pour prendre l'ascendant sur Joe Biden qui domine, lui, la course au niveau national.
Suivent, dans les intentions de vote, l'ex-maire Pete Buttigieg puis les sénatrices Elizabeth Warren et Amy Klobuchar, sur un total de onze candidats encore en lice.
Bernie Sanders a d'ailleurs affirmé, dans la nuit de lundi à mardi, être en tête devant le modéré Pete Buttigieg, selon ses propres chiffres partiels.
Au-delà des clivages de programme entre l'aile gauche, représentée par Bernie Sanders et Elizabeth Warren, et un courant plus modéré, porté par Joe Biden, Pete Buttigieg ou encore Amy Klobuchar, la base démocrate espère surtout trouver celui ou celle qui sera le plus à même de battre le président républicain sortant le 3 novembre.
Réconciliation ou révolution
Le président sortant a lui remporté d'emblée les "caucus" républicains dans l'Iowa, une simple formalité. Mais son ombre planait sur la primaire démocrate: Donald Trump doit prononcer mardi son discours annuel sur l'état de l'Union avant d'obtenir, mercredi, un acquittement quasi certain lors de son procès en destitution.
"Depuis un an, chacun d'entre nous tente de prouver qu'il est le plus apte à battre Donald Trump", a rappelé lundi Pete Buttigieg, 38 ans, sur CNN. "Ce processus commence ici dans l'Iowa."
Qu'ils soient nouveaux venus comme lui, ou âgés comme Bernie Sanders (78 ans) et Joe Biden (77 ans), chacun veut être ce candidat. Bernie Sanders s'appuie sur les minorités et les jeunes, la génération "la plus progressiste de l'histoire de ce pays", proclame-t-il. Ses partisans réfutent l'idée que son étiquette socialiste et sa promesse d'une "révolution politique" fassent obstacle à une victoire en novembre.
Joe Biden joue la carte de l'expérience et de la réconciliation nationale. "Qui sera prêt dès le premier jour à décrocher son téléphone pour appeler n'importe quel dirigeant mondial?", a demandé celui qui accompagna Barack Obama pendant huit ans à la Maison Blanche. Le milliardaire Michael Bloomberg, ex-maire de New York, fait lui l'impasse sur ces "caucus" et concentre son immense fortune sur des Etats votant plus tard et qui rapportent beaucoup de délégués en vue de l'investiture.
L'Iowa, petit Etat rural, enneigé en cette période de l'année, lance la saison des primaires depuis les années 1970. Il est important parce qu'il est le premier: le nombre de délégués en jeu est négligeable (ce sont ces délégués qui désigneront in fine le candidat investi), mais un bon résultat ou une contre-performance peut changer la dynamique d'une candidature.