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États-Unis

Un Américain, qui a survécu à sa première exécution, à nouveau condamné à mort

Un lit sur lequel on administre l'injection létale aux condamnés à mort, à Huntsville, au Texas

Un lit sur lequel on administre l'injection létale aux condamnés à mort, à Huntsville, au Texas - AFP

Son exécution avait été suspendue après une première tentative durant laquelle le personnel de la prison l'avait piqué durant deux heures à plusieurs reprises sans succès. La Cour suprême américaine a estimé que cela ne justifiait pas d'annuler la condamnation à mort de ce prisonnier.

Romell Broom sera exécuté. Une seconde fois. Il l'avait déjà été en 2009 mais cette première exécution avait échoué. Pendant deux heures, le prisonnier de Lucasville, dans l'Ohio, avait été piqué aux bras, à la cheville et aux jambes à de nombreuses reprises. Mais le personnel n'avait pas réussi à trouver une veine pour supporter la perfusion. Romell Broom était ainsi devenu le premier condamné à survivre à son exécution aux États-Unis depuis 1946. Et sa condamnation à mort avait été suspendue.

Mais la Cour suprême des États-Unis a refusé lundi de donner suite à l'appel de cet homme, aujourd'hui âgé de 60 ans, reconnu coupable d'avoir violé et tué une adolescente en 1984. 

"Une seconde tentative de l'exécuter est infondée"

Depuis cette première exécution ratée, ses avocats estiment que cette épreuve devrait le dispenser d'un nouveau supplice. Et se basent sur le 8e amendement de la Constitution américaine qui interdit les "peines cruelles ou inhabituelles" et assure que nul ne peut être puni pénalement une seconde fois pour les mêmes faits.

"Romell Broom ne pouvait espérer qu'il sortirait vivant de la chambre de la mort", ont déclaré ses défenseurs. "Pendant deux heures l'État de l'Ohio a essayé de l'exécuter. Du fait que Romell Broom avait largement dépassé le point où il s'attendait à mourir de façon imminente, et qu'il a subi d'intenses douleurs et souffrances, une seconde tentative de l'exécuter est infondée."

"On m'a enfoncé des aiguilles au moins 18 fois"

Le prisonnier, qui a passé plus de trente ans dans le couloir de la mort, avait raconté cette première tentative d'exécution.

"J'ai commencé à m'énerver. Je pleurais, j'avais mal et mes bras étaient enflés, les infirmiers piquaient dans des zones déjà contusionnées et gonflées, j'ai demandé qu'on arrête et j'ai demandé à parler avec mon avocate (...). Le degré de douleur était à son maximum. On m'a enfoncé des aiguilles au moins 18 fois dans plusieurs endroits du corps dans le but de m'administrer une injection pour me prendre la vie".

De longues minutes d'agonie

Sans compter que le produit qui lui sera injecté est sujet à controverse. La semaine dernière, un condamné à mort dans l'Alabama a suffoqué et fait des convulsions pendant 13 minutes lors de son exécution. Les États-Unis ont connu plusieurs exécutions "ratées" depuis janvier 2014, dont celles de Dennis McGuire, décédé dans l'Ohio après 25 longues minutes qui l'ont vu suffoquer. Clayton Lockett, qui a succombé dans l'Oklahoma au bout de 43 minutes de râles et convulsions, ou Joseph Wood, dont l'agonie a duré deux heures en Arizona.

Les États américains où la peine de mort est en vigueur font face à une pénurie des substances utilisées dans les injections létales, alimentée par le refus de firmes pharmaceutiques, pour la plupart européennes, d'approvisionner les prisons.

"Des prisonniers ont montré des signes de douleurs"

Dans ce contexte de carence, des États dont l'Ohio et l'Alabama, ont adopté pour leurs injections létales un protocole réunissant trois substances, l'une endormant le prisonnier, l'autre paralysant ses muscles et la troisième arrêtant son cœur. Et utilisent comme premier produit le midazolam, très critiqué car étant un anxiolytique et non un anesthésiant.

"À diverses occasions des prisonniers ayant reçu du midazolam sont soit restés conscients, soit ont repris conscience et lutté, suffoqué et montré des signes de douleurs et de souffrances", a expliqué Megan McCracken, une spécialiste des injections létales à la Berkeley Law School.

Elle rappelle que "la Constitution et nos croyances en une bonne administration imposent aux États de pratiquer des exécutions qui soient humaines et conformes à la loi et à la Constitution." Cette seconde exécution promet d'être tout aussi controversée que la première.

Céline Hussonnois-Alaya avec AFP