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États-Unis

Syrie: John Kerry implore le Congrès d'agir

Le secrétaire d'État américain, John Kerry.

Le secrétaire d'État américain, John Kerry. - -

Le secrétaire d'État John Kerry et le chef du Pentagone Chuck Hagel ont vanté mardi les mérites d'une action militaire des Etats-Unis en Syrie, accusée d'avoir perpétré une attaque à l'arme chimique, faute de quoi Washington resterait "spectateur d'un massacre".

Le secrétaire d'Etat et le patron du Pentagone sur le gril du Sénat. John Kerry et Chuck Hagel ont défendu pendant plusieurs heures devant la commission des Affaires étrangères du Sénat la décision de principe surprise annoncée samedi par le président Barack Obama: procéder à des frappes "limitées" punitives sur la Syrie, mais pas avant d'avoir obtenu un feu vert du Congrès.

Les deux ministres, tous deux anciens combattants du Vietnam devenus des sceptiques de l'interventionnisme militaire à tout crin, ont pourtant prôné une "action" armée contre le régime de Damas, après deux ans et demi d'un conflit qui a fait plus de 110.000 morts.

"Ce n'est pas le moment d'être isolationniste assis dans un fauteuil. Ce n'est pas le moment d'être le spectateur d'un massacre", a lancé John Kerry devant ceux qui ont été ses pairs pendant 29 ans au Sénat, avant qu'il ne dirige depuis février le département d'Etat.

"Ni notre pays, ni notre conscience ne peuvent se permettre de payer le prix du silence", a déclaré John Kerry, qui se place depuis deux semaines sur le terrain de la morale pour fustiger l'attaque chimique près de Damas, attribuée au régime syrien et qui a fait 1.429 morts selon Washington.

"Protéger nos valeurs"

Aux yeux du secrétaire d'Etat, les Etats-Unis doivent "agir" afin de "protéger leurs valeurs et leur sécurité nationale".

Alors que Washington a retiré ses soldats d'Irak, s'apprête à le faire d'Afghanistan et qu'il est très réticent à tout nouvel engagement armé majeur au Moyen-Orient, John Kerry a répété qu'une opération en Syrie se ferait "sans troupes au sol".

Pour le chef de la diplomatie américaine, frapper la Syrie permettrait aussi d'envoyer un message à l'Iran et au Hezbollah, soutiens militaires de Damas, et même à la Corée du Nord, dans le collimateur des Etats-Unis pour son programme nucléaire militaire.

"L'Iran espère que vous regardez de l'autre côté. Notre inaction lui donnerait certainement la possibilité au mieux de se tromper sur nos intentions, quand ce ne serait pas de les mettre à l'épreuve", a averti John Kerry.

Plaidoyer pour un action militaire "limitée"

Les combattants du Hezbollah chiite libanais, qui se battent aux côtés des troupes syriennes, "espèrent que l'isolationnisme américain prévaudra" tandis que "la Corée du Nord compte sur l'ambivalence" des Etats-Unis, a-t-il argumenté, prévenant que ces bêtes noires de l'Amérique "écoutaient notre silence".

"Un refus d'agir minerait la crédibilité d'autres engagements américains en matière de sécurité, notamment celui du président Obama d'empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire", a renchéri Chuck Hagel pour qui "la parole des Etats-Unis doit signifier quelque chose".

Le patron du Pentagone a expliqué que les objectifs d'une action militaire en Syrie seraient de "réduire la capacité" du régime syrien à commettre d'autres attaques chimiques et de le "dissuader" de recourir de nouveau à son arsenal.

Il a plaidé pour "une action militaire limitée dans sa durée et sa portée", rappelant qu'il ne s'agit "pas de régler le conflit en Syrie par la force militaire directe".

Un manifestant a brièvement perturbé l'audition des deux ministres américains. Un pacifiste, habillé en rose, a été expulsé en criant à l'adresse de John Kerry : le secrétaire général de l'ONU "Ban Ki-moon a dit non à la guerre, le pape François a dit non à la guerre. Les Américains n'en veulent pas".

E.B. avec AFP