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Présidentielle américaine: désormais, Donald Trump va devoir rassembler

Ivanka et Donald Trump à Cleveland pour la convention d'investiture républicaine.

Ivanka et Donald Trump à Cleveland pour la convention d'investiture républicaine. - JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Pour Donald Trump, champion républicain pour la course à la Maison Blanche, rien n'est encore acquis. Le temps est venu pour lui de rassembler, dans son parti, mais aussi au-delà, s'il veut être sûr de battre Hillary Clinton.

"Law and order". Donald Trump n'est pas le premier candidat à la présidence des Etats-Unis à reprendre l'antienne d'un retour à "la loi et l'ordre", rappelle François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis sur BFMTV. Avant lui, "Barry Goldwater en 1964, puis Nixon et Reagan", l'on déjà fait. Le discours de clôture anxiogène qu'a livré Donald Trump à Cleveland, pour la fin de la convention de son parti, sert un double objectif.

Le premier est de se placer dans les pas de ses "illustres" prédécesseurs. "Dans le ton, le discours était beaucoup plus présidentiel", rappelle l'historien. Car après les multiples sorties de route sur les questions sensibles de l'immigration, du racisme ou de la condition féminine, et quelques rétropédalages contraints, l'homme d'affaires doit désormais endosser le costume présidentiel.

Son premier problème, explique François Durpaire, reste que "60% des Américains disent qu'ils ne peut pas être président, qu'il n'est pas taillé pour le 'job'". "Il n'est jamais arrivé dans une campagne qu'un candidat soit, à ce point non-présidentiable", abonde-t-il.

Le deuxième objectif de ce discours axé sur la peur d'un "déclinisme à l'américaine" est de promettre un redressement spectaculaire après des années d'errance démocrate. "L'Amérique d'abord!" n'est-il pas le slogan du candidat Trump? Mais à forcer le trait avec application, il se crée à lui-même deux difficultés. Dans le système de bipartisme américain très équilibré, l'emporte celui qui sait rassembler au-delà de son propre camp.

"Unification du parti" et "élargissement" de la base électorale

Le premier objectif de Donald Trump, avant de se lancer à l'assaut d'autres territoires électoraux devrait être "d'unifier son parti", analyse François Durpaire. Le magnat de l'immobilier "incarne une aile populiste" de son parti, et se fait le porte-voix des laissés pour compte de l'économie et de la mondialisation. Il tentera de séduire la "Rust Belt", littéralement la "ceinture de la rouille", soit l'ancienne zone industrielle qui court de la Pennsylvanie, à la Virginie-Occidentale, l’Ohio, l’Indiana, le Michigan, l’Illinois et le Wisconsin.

Ces déçus de Barack Obama pourraient constituer un réservoir de voix important. Comme il a pu exister des "Reagan democrats", il pourrait y avoir des "Trump democrats". Pour que la recette électorale soit complète, Trump ne saurait non plus négliger "une aile très conservatrice, très orthodoxe" du parti républicain.

D'où le ticket avec le très droitier Mike Pence. Le gouverneur de l'Indiana et ancien membre de la Chambre des représentants est la caution politique de Trump. Rompu aux arcanes du pouvoir, il est passé maître dans l'art d'arrondir les angles en apparence, sans rien lâcher sur les valeurs ultraconservatrices dont il se fait l'infatigable héraut.

Mais la force de Pence est aussi un inconvénient pour Trump. Le problème reste entier, ce n'est pas avec lui qu'il pourra rassembler au-delà de son camp.

Ivanka Trump, l'atout maître de son père

Jeune femme de 34 ans, à l'aise en public, athlétique et au sourire impeccable, Ivanka Trump est une carte maîtresse pour son père. Manifestement bien davantage que son épouse Melania Trump, dont le discours largement inspiré de celui prononcé par Michelle Obama, a fait les gorges chaudes de la presse mondiale.

"Elle est capable de s'adresser aux jeunes et aux indépendants qui représentent 43% des Américains. Elle l'a dit, elle n'est ni républicaine, ni démocrate, expose François Durpaire. Et elle est beaucoup plus solaire que son père dont le discours a été très sombre".

Le nombre de gens qui se disent lors des sondages d'opinion "non affiliés" à l'un ou l'autre des deux grands partis "n'a jamais été aussi élevé dans toute l'histoire américaine", précise François Durpaire joint par BFMTV.com. Cette nouvelle variable "rend le résultat de l'élection plus difficile à prévoir", précise-t-il. Une donnée à prendre en compte par les deux camps s'ils veulent l'emporter.