Présidentielle américaine: comment sont financées les campagnes électorales?

Barack Obama, lors d'un de ses derniers meetings de la campagne pour l'élection présidentielle de 2012. - Mandel Ngan - AFP
La campagne d'Hillary Clinton coûtera-t-elle plus cher que celle que Barack Obama? En 2012, le camp démocrate avait réussi à lever près d'un milliard de dollars pour la campagne en vue de sa réélection. Une somme colossale, proportionnelle à la taille du pays, et donc aux kilomètres parcourus par les candidats, mais aussi à la démesure d'une élection à l'américaine.
Pour parvenir à réunir l'argent, la collecte des financements avait commencé très tôt, un an et demi avant l'échéance électorale. A l'heure où plusieurs des candidats aux primaires démocrate et républicaine en vue de la présidentielle de 2016 se sont déclarés, la chasse aux financements en vue de la course à la Maison-Blanche est ouverte. Qui finance les campagnes présidentielles américaines? D'où vient l'argent? BFMTV.com fait le point.
Les fonds publics, une part très minoritaire
Les campagnes américaines bénéficient de deux sources de financement: les aides privées et les aides publiques. Ces dernières sont très largement minoritaires, et ne représentent généralement que le quart des dépenses des candidats pour mener à bien leur campagne.
Attribuée par la Commission fédérale électorale (FEC), cette aide provient directement de l'Etat fédéral. Dans les faits, ce fonds est peu utilisé par les candidats car il les expose à quelques contraintes, notamment à un plafond de dépenses très strict. Ce qui les oblige notamment à renoncer aux dons privés, une fois l'investiture passée. Un frein quelque peu décourageant, compte tenu de la somme nécessaire pour mener de telles campagnes.
Les dons privés, encadrés par des structures
Les candidats à l'élection se tournent donc davantage vers les sources de financement privées, qui représentent l'essentiel des moyens engagés pour la campagne. Les dons privés peuvent provenir à la fois des particuliers et des entreprises et peuvent passer par le biais de deux entités:
- les "associations 501 (c)", qui sont des organisations créées dans le but de promouvoir une candidature, et qui portent le nom de la catégorie fiscale à laquelle elles correspondent, celle des organisations à but non lucratif. Elles ont la possibilité de recevoir directement et sans limite des dons de la part des entreprises, des particuliers et des syndicats. En revanche, ces associations ne sont pas contrôlées par la Commission fédérale des élections, ce qui permet aux dons de rester anonymes, mais les oblige à limiter les dépenses politiques à 50% du total de leurs dépenses.
- les PAC, pour "Political Action Comittee" ("comité d'action politique", en français) qui sont les organisations privées auxquelles toutes les personnes physiques ou morales (particulier, entreprise, syndicat) peuvent donner si elles veulent participer directement au financement de la campagne d'un candidat. Une organisation obtient le statut de PAC si elle reçoit des dons ou effectue des dépenses dépassant les 1000 dollars.
Depuis 2002, ces dons, non-anonymes, étaient encadrés par des règles très strictes: les entreprises n'avaient pas la possibilité de donner directement de l'argent aux candidats ou aux partis, et les dons des particuliers étaient plafonnés (5.000 dollars maximum donnés à un candidat sur une période de deux ans, et 30.400 dollars maximum donnés à un parti).
2010, tournant décisif dans le financement des campagnes
L'année 2010 a considérablement changé la donne en matière de plafonds et d'encadrement. Depuis cette année, un arrêt de la Cour suprême (l'arrêt Citizens United vs. Federal Election Commission) a en effet jugé anticonstitutionnelles les restrictions sur les dons aux PAC, et autorisé la participation financière des entreprises aux campagnes électorales. Le tout en se basant sur le Premier amendement de la Constitution des Etats-Unis, relatif à la liberté d'expression.
Dès lors, les vannes de l'argent privé se sont considérablement ouvertes et les PAC se sont transformées en "Super PAC", faisant d'office le jeu du camp républicain, mené par Mitt Romney pendant la campagne de 2012. Soutenue par de puissants intérêts, sa campagne a bénéficié de chèques de plusieurs centaines de milliers de dollars. D'abord décriés par le camp démocrate, ces méga-donateurs ont finalement également renfloué les caisses du camp Obama, parallèlement à son vaste réseau de petits donateurs.
Cette nouvelle réglementation sans limites ni plafonds a eu un impact immédiat sur l'ampleur des campagnes des deux candidats à la présidentielle de 2012, dont le coût global a été estimé à 2,6 milliards de dollars. Cette année-là, 374 millions de dollars avaient été levés uniquement par les Super PAC.