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États-Unis

L'étudiante turque propalestinienne arrêtée aux États-Unis libérée après un mois et demi de détention

Un manifestant appelle pour la libération de Rumeysa Ozturk, étudiante turque pro-palestinienne interpellée en vue de son expulsion, le 6 mai 2025, à New York

Un manifestant appelle pour la libération de Rumeysa Ozturk, étudiante turque pro-palestinienne interpellée en vue de son expulsion, le 6 mai 2025, à New York - Michael M. Santiago - AFP

Rumeysa Ozturk, étudiante en doctorat dans une université du Massachusetts, avait été arrêtée le 25 mars en vue de son expulsion. Elle était devenue le symbole de la volonté de l'administration Trump de museler le mouvement de soutien aux Palestiniens de Gaza face à Israël.

L'étudiante turque détenue aux États-Unis pendant un mois et demi, devenue le symbole de la volonté de l'administration Trump de museler le mouvement de soutien aux Palestiniens de Gaza face à Israël, a été libérée vendredi 9 mai, rapporte l'agence Associated Press.

Rumeysa Ozturk, 30 ans, doctorante à l'université Tufts, dans le Massachusetts, avait été interpellée dans la banlieue de Boston le 25 mars par des agents en civil des services de l'immigration (ICE), pour être expulsée.

La vidéo de son arrestation par des agents au visage parfois masqués ou avec une capuche sur la tête avait fait le tour des réseaux sociaux et suscité l'indignation. Elle était détenue dans un centre pour migrants en Louisiane depuis plus de 6 semaines.

Un article dans un journal universitaire en cause

Un juge fédéral de Burlington, dans le Vermont, William Sessions, a ordonné sa "libération immédiate" vendredi, dans l'attente d'une décision définitive concernant sa plainte pour détention illégale.

Elle est "libre de retourner chez elle au Massachusetts" et dans le Vermont et de se déplacer au-delà de ces deux États, a indiqué le juge. Il a néanmoins exigé que cette libération soit supervisée régulièrement par un centre municipal de réinsertion des détenus dans le Vermont qui lui en rendra compte.

Le seul motif invoqué par l'administration Trump pour justifier l'expulsion de Rumeysa Ozturk est un article qu'elle avait cosigné en mars 2024 dans son journal universitaire, le Tufts Daily. Elle y critiquait la façon dont son établissement gérait le mouvement de protestation contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza.

L'exécutif a eu depuis largement l'occasion de présenter d'autres éléments à charge, mais ne l'a pas fait, a rappelé le juge William Sessions au terme d'une audience à laquelle Rumeysa Ozturk a participé en visioconférence depuis son centre de détention, avant d'être libérée.

"Aucune preuve justifiant sa détention", selon une ONG

"Malgré une tentative de dernière minute visant à retarder sa libération en essayant de la forcer à porter un bracelet électronique, Rumeysa est désormais libre et est impatiente de rentrer chez elle, libre de toute surveillance ou restriction", s'est réjouie son avocate Me Mahsa Khanbabai.

L'ONG American Civil Liberties Union (ACLU) du Massachusetts s'est également félicitée de cette libération. "Ce que nous avons entendu aujourd'hui (vendredi) au tribunal correspond à ce que nous disons depuis des semaines, et à ce que les tribunaux n'ont cessé de répéter tout au long du procès (...). Il n'existe absolument aucune preuve justifiant la détention d'Ozturk", a déclaré sa directrice Jessie Rossman, défendant le "droit" de l'étudiante à "exprimer une opinion, garanti par le Premier Amendement" de la Constitution des États-Unis.

"J'avais peur"

Lors de son audience, Rumeysa Ozturk s'est exprimé sur sa détention, expliquant avoir eu des crises d'asthme croissantes, 12 au total. "J'avais peur et je pleurais", a-t-elle confié.

L'étudiante a par ailleurs dit vouloir terminer son doctorat consacré à l'enfance et aux réseaux sociaux, après sa libération. "C'est très important pour moi", a-t-elle confié.

Selon le juge William Sessions, l'étudiante ne représente pas un danger pour les habitants et ne présente pas de risque de fuite. "C'est une femme totalement investie dans sa carrière universitaire", a-t-il souligné.

Une décision saluée par le gouvernement turc

Interpellée dans le Massachusetts, la jeune trentenaire avait été conduite ensuite dans le New Hampshire et le Vermont, avant d'être emmenée en avion jusqu'en Louisiane. Son visa étudiant avait été révoqué plusieurs jours auparavant, sans qu'elle n'en soit informée, selon ses avocats.

Le ministre turc de la Justice, Yilmaz Tunç, a salué cette libération comme un "développement positif qui apaise notre conscience", dans une déclaration sur X, estimant "inacceptable qu'un individu soit poursuivi en raison de sa foi et de son soutien à la Palestine".

Un conseiller de la Maison Blanche, Stephen Miller, a en revanche dénoncé une fois de plus "un coup d'État judiciaire", assurant que la révocation d'un visa relevait des prérogatives exclusives du pouvoir exécutif.

Juliette Desmonceaux avec AFP