Forme "agressive", traitements possibles... Ce que l'on sait du cancer de la prostate dont souffre Joe Biden

Quatre mois après avoir quitté la Maison Blanche, Joe Biden s'apprête à mener bataille contre la maladie. L'ancien président américain âgé de 82 ans, qui avait été opéré en 2023 d'une lésion cancéreuse sur la poitrine, souffre d'un cancer de la prostate, d'après un communiqué publié dimanche 18 mai par son bureau.
· Un cancer fréquent chez l'homme
Joe Biden est atteint d'un cancer de la prostate, une glande masculine dont le principal rôle est la production d'un liquide entrant dans la composition du sperme. Lorsqu'il parvient à un stade avancé, un tel cancer peut s'accompagner de symptômes comme la présence de sang dans les urines ou une sensation de douleur au moment de la miction.
Si le cancer du sein est la forme de cancer la plus courante chez les femmes, le cancer de la prostate est la forme la plus fréquente pour les hommes. Elle représente environ 15% des cancers masculins. "Aux États-Unis, plus de 300.000 hommes sont diagnostiqués d'un cancer de la prostate", résume à CNN l'urologue Jamin Brahmbhatt. D'après les chiffres de la Société américaine de cancérologie, environ un homme sur huit sera diagnostiqué au cours de sa vie d'un cancer de la prostate.
"Bien qu'il s'agisse d'une maladie à laquelle on peut tout à fait survivre lorsqu'elle est détectée à un stade précoce, c'est la deuxième cause de décès par cancer chez les hommes", ajoute-t-elle. "La détection précoce est essentielle."
· Un cancer "agressif" avec des "métastases osseuses"
Le niveau d'agressivité des cancers de la prostate est évalué avec le score de Gleason sur une échelle allant jusqu'à 10. D'après le communiqué du bureau de Joe Biden, le cancer diagnostiqué chez l'ancien locataire du Bureau ovale est de niveau 9, ce qui signifie qu'il est particulièrement agressif.
"C'est un score que vous ne voulez pas avoir", souligne auprès d'Associated Press Jeffrey Kuhlman, médecin de la Maison Blanche entre 2009 et 2013, durant le premier mandat présidentiel de Barack Obama.
Signe que l'annonce du diagnostic intervient tardivement, le cancer de Joe Biden présente des métastases osseuses, c'est-à-dire qu'il s'est propagé jusqu'aux os et qu'il est donc déjà parvenu à un stade avancé.
"Cela m'étonne de voir que ce cancer présente des métastases", ajoute Jeffrey Kuhlman. "C'est le cas pour environ 10% des cancers de la prostate seulement et cela arrive souvent chez des patients qui n'ont pas un bon accès aux soins médicaux."
· Un taux de survie en hausse ces dernières années
Selon Jeffrey Kuhlman, le taux de survie à cinq ans pour un cancer de la prostate métastatique est d'environ 30%. Mais d'après les médecins spécialistes du cancer de la prostate, les pronostics pour les patients atteints d'une forme avancée se sont grandement améliorés au cours des dernières années.
"Nous avons bien plus d'outils à notre disposition que par le passé", insiste auprès du New York Times le Dr Judd Moul, spécialiste du cancer de la prostate à l'université Duke. "Les taux de survie ont presque triplé au cours de la dernière décennie."
Avec les traitements actuels, les patients "peuvent vivre 5, 7, 10 ans, voire plus", indique-t-il. Un homme comme Joe Biden, âgé de plus de 80 ans, "pourra avec un peu de chance mourir de cause naturelle et non à cause de ce cancer", ajoute Judd Moul.
· Un traitement visant la production d'hormones
Comme l'indique le bureau de l'ex-président américain, lui et sa famille "évaluent les options de traitement avec ses médecins". En la matière, elles ne manquent pas et "chaque patient est présenté avec une approche différente", fait savoir le Dr Jamin Brahmbhatt.
Dans le cas de Joe Biden, le traitement suivi sera en partie dicté par le fait que son cancer de la prostate "semble être hormonodépendant", ce qui est la norme pour ce type de maladie. En clair, cela signifie que la croissance et la propagation des tumeurs sont stimulées par les hormones sexuelles masculines, les androgènes (la principale étant la testostérone).
La plupart des patients commencent donc par un traitement visant à couper le cancer de ces approvisionnements en hormones. Cela se faisait auparavant par une ablation des testicules mais, désormais, le blocage de la production de testostérone peut se faire par l'injection de médicaments ou via des pilules administrées par voie orale, note le New York Times.
"Si ce n'est pas suffisant, les patients peuvent aussi suivre une chimiothérapie ou prendre des médicaments visant à renforcer les os rongés par le cancer", poursuit le Dr Jamin Brahmbhatt.
Cependant, "certains patients peuvent ne pas tolérer tous ces traitements, certains ayant leurs propres effets secondaires. C'est pour cela qu'il faut tenir compte de chaque patient, de leur âge, de leurs facteurs de comorbidité."