Etats-Unis: quand des néo-nazis veulent s'approprier un village du Dakota du Nord

Manifestation néo-nazie du Mouvement national-socialiste américain (NSM) devant le Capitole, à Washington, le 19 avril 2008. - -
A Leith, dans le Dakota du Nord, on dénombre 24 habitants. Un seul d'entre eux, Bobby Harper, est noir. Et celui-ci a déjà indiqué qu'il resterait au village coûte que coûte. Pourtant, Leith est dans le viseur d'un groupe néonazi: ce week-end, les membres du Mouvement national-socialiste américain (NSM) s'y sont réunis en congrès dans le but de s'approprier tout simplement l'ensemble de cette petite commune, relate Le Monde.
Cela fait maintenant deux ans que ce groupuscule étend son influence sur Leith. Depuis que l'un de ses membres, Paul Craig Cobb, s'est mis à racheter des habitations et des terrains à l'abandon dans le hameau. Selon le Guardian, il en a ainsi acquis douze.
Adeptes du Ku Klux Klan et nostalgiques du IIIe Reich
Or, ce sexagénaire appartient au milieu néonazi. Il fait l'objet de poursuites au Canada pour "incitation à la haine" sur un blog. Son projet? Racheter tout Leith dans le but d'y installer une communauté mêlant suprémacistes blancs et nostalgiques du IIIe Reich.
Pour parvenir à ses fins, il serait en train de transférer la propriété de ses acquisitions auprès d'un ancien "grand prêtre" du Ku Klux Klan, Tom Meltzer, à la fondatrice du groupuscule néonazi National Vanguard, April Gaede, et au chef du NSM, Jeff Schoep. C'est justement ce dernier qui a réuni ses troupes le week-end dernier à Leith pour exposer au jour ses vues avec Paul Cobb.
Le premier habitant néo-nazi du village se prend déjà à rêver de la réalisation de son "utopie", au micro de la radio publique nationale (NPR): "Ce serait très beau d'entrer dans le village, surtout la nuit, car nous y aurions les drapeaux illuminés de toutes les anciennes nations blanches de la Terre".
Les habitants ne comptent pas se laisser envahir
Mais c'était sans compter sur les habitants de Leith, qui n'entendent pas se laisser envahir. Solidaires, ils recherchent activement toutes les possibilités légales d'empêcher l'établissement en masse de néo-nazis sur leur commune. Au point d'envisager de faire disparaître leur village en tant qu'entité, pour le rattacher administrativement au comté.
Samedi, dans la foule d'opposants qui s'étaient réunis contre le projet de Paul Cobb et de ses amis, on pouvait entendre: "Cette terre n'est pas la vôtre, c'est la nôtre. Rentrez chez vous!" Au nom de la liberté d'expression, les groupes qui se revendiquent du nazisme ne sont pas considérés comme illégaux aux Etats-Unis.