"Un sentiment d'anxiété": l'inquiétude des Ukrainiens sur leur avenir après l'élection de Trump

Un pays qui plonge dans l'inconnu? Au lendemain de l'élection de Donald Trump comme nouveau président des États-Unis, de nombreuses questions se posent quant à la politique que celui-ci va mener, en particulier à l'échelle internationale.
Au centre de tous les regards, la guerre en Ukraine et le soutien militaire américain, dont le montant a fréquemment été dénoncé par le candidat républicain lors de la campagne électorale.
Dans les rues de Kiev, de nombreux Ukrainiens font part de leurs doutes et de leur appréhension pour les semaines à venir, alors que Donald Trump doit officiellement prendre ses fonctions le 20 janvier 2025. "J'ai une sorte de sentiment d'anxiété parce que je ne sais pas à quoi m'attendre. C’est inquiétant", dit une Kiévienne à BFMTV.
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"C’est une personne excentrique, donc on ne sait pas vraiment comment il va influencer le soutien américain pour l’Ukraine", abonde un second passant interrogé.
Pour les Ukrainiens, le soutien à leur pays pourrait également influencer et modifier l'avenir du monde entier. "Cela inquiète tout le monde, pas seulement l’Ukraine, mais le monde entier. Cela peut être très dangereux pour nous et le reste du monde", pronostique l'un d'entre eux.
"On protège tout le monde civilisé"
Sur le terrain militaire, l'inquiétude est grande, et la colère grandit peu à peu parmi les soldats mobilisés sur le front de l'est ukrainien. "On protège tout le monde civilisé. Pendant qu'on se bat, ils n'ont pas à le faire, leurs peuples ne meurent pas, leurs villes ne sont pas bombardées, ils sont en sécurité tant que l’Ukraine résiste", dit Rodych, un combattant ukrainien, à BFMTV.
"Dès qu’ils arrêteront de supporter l'Ukraine et qu'elle tombera, ils pourront expérimenter ce que ça fait d’être en Ukraine", prévient-il.
Pour sa part, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été l'un des premiers dirigeants internationaux à féliciter Donald Trump pour sa victoire électorale. Un geste diplomatique fort alors que les jours précédents, le président ukrainien avait mis en garde contre un arrête de l'aide militaire américaine.
"On ne sait pas qui sera président, mais bien sûr on comprend tous les risques. Le plus gros serait que la politique des États-Unis change. Je pense que ne pas soutenir l’Ukraine serait une grande victoire pour Vladimir Poutine et une grande défaite pour l’Occident", avait-il dit fin octobre à Reykjavik, en Islande.
Les deux hommes ont échangé par téléphone mercredi, a annoncé Volodymyr Zelensky, affirmant avoir "convenu de maintenir un dialogue étroit et de faire progresser notre coopération."
Fin de la guerre en 24h?
À date, l'aide militaire américaine en direction de l'Ukraine équivaut à 64,1 milliards de dollars, selon des chiffres fournis par le Pentagone. En attendant l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, l'administration Biden sortante devrait s'atteler, dans les trois mois qui lui reste avant la prestation de serment, à accélérer la livraison d'aide à l'Ukraine et continuer à mettre en place des mécanismes afin que les Européens prennent le relais, selon des diplomates.
L'Otan a déjà repris la coordination de l'aide militaire à l'Ukraine, jusque-là aux mains des seuls Américains depuis le début de l'invasion russe en février 2022. Il paraît peu probable, en revanche, que Washington lève son veto à ce que Kiev puisse utiliser des missiles à longue portée pour frapper le territoire russe en profondeur.
Donald Trump a toujours loué sa "très bonne relation" avec Vladimir Poutine pour mettre fin au conflit et a en outre qualifié Volodymyr Zelensky de "meilleur commercial de la planète". "Chaque fois qu'il vient dans notre pays, il repart avec 60 milliards de dollars", a-t-il ironisé en septembre dernier.
Lors d'une interview accordée en 2023 à la chaîne d'information conservatrice anglaise GB News, ce dernier avait assuré pouvoir mettre fin à la guerre en Ukraine sous 24h s'il revenait au pouvoir. Une volonté redite en septembre au terme d'une rencontre avec Volodymyr Zelensky. "Nous allons la résoudre", avait-il encore martelé.