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Donald Trump

Du démenti de toute implication à la frappe "très réussie": comment Donald Trump a fini par attaquer l'Iran

Donald Trump à la Maison Blanche, à Washington, ce samedi 21 juin 2025.

Donald Trump à la Maison Blanche, à Washington, ce samedi 21 juin 2025. - CARLOS BARRIA / POOL / AFP

Le président des États-Unis a fini par opter pour une intervention directe des États-Unis en Iran ce week-end. La fin d'une série de déclarations publiques qui créaient le flou sur les intentions de Washington et de Donald Trump.

Depuis le début des frappes israéliennes en Iran, le 13 juin dernier, Donald Trump a soufflé le chaud, le froid, et toutes les nuances possibles entre les deux extrêmes du thermomètre. Le président américain a finalement opté pour une intervention directe des États-Unis en ordonnant une attaque contre les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan dans la nuit de samedi au dimanche 22 juin.

Cette offensive "très réussie" vient même un terme à une dizaine de jours durant lesquels Donald Trump a sans cesse changé de braquet, du moins dans ses déclarations publiques. Au final, lui qui avait fait campagne en se présentant comme le candidat qui tiendrait les États-Unis éloignés des conflits est devenu le président faisant entrer les Américains dans une nouvelle guerre.

Le jeudi 12 juin, quelques heures avant le déclenchement de l'opération "Rising Lion" par Benjamin Netanyahu, Donald Trump se pose encore en tenant de la diplomatie avec Téhéran pour parvenir à un accord sur le nucléaire, décrit comme "assez proche". Il dit même ne pas vouloir que les Israéliens interviennent.

"Je pense que cela ferait tout capoter", juge alors le président des États-Unis.

"Je vais peut-être le faire, peut-être pas"

Après les premières frappes israéliennes, Donald Trump se montre catégorique: Washington n'a strictement "rien à voir" avec ces attaques contre l'Iran, assure-t-il le dimanche 15 juin. Tout en ajoutant qu'il est "possible" que les États-Unis s'impliquent à l'avenir dans ces affrontements entre Téhéran et l'État hébreu.

Le lendemain, depuis le Canada où il participe à un sommet du G7, le locataire du Bureau ovale affiche son optimisme. Exhortant l'Iran à négocier "avant qu'il ne soit trop tard", il assure qu'un accord "va être signé". "L'Iran est en fait déjà à la table des négociations, ils veulent conclure un accord, dès que je pars d'ici nous ferons quelque chose", affirme-t-il.

Vingt-quatre heures plus tard, le ton de Donald Trump change radicalement. Rentré précipitamment du sommet du G7, le voici exigeant en majuscules une "CAPITULATION SANS CONDITIONS" de l'Iran et menaçant l'ayatollah Khamenei. "Nous savons exactement où se cache le soi-disant guide suprême. Il est une cible facile mais là il est en sécurité", écrit le président américain sur son réseau Truth. "Nous n'allons pas l'éliminer (le tuer!)", annonce-t-il, "du moins pour le moment".

Alors que les salves de missiles lancées par l'Iran répondent aux offensives conduites par Tsahal depuis près d'une semaine, Donald Trump continue de faire planer le doute sur une intervention directe de son pays avec une réponse de Normand. Les États-Unis vont-ils frapper? "Je vais peut-être le faire, peut-être pas."

"Je n'ai pas pris (de décision) finale", assure-t-il encore depuis le Bureau ovale en recevant les joueurs de la Juventus Turin. "J'aime prendre une décision finale une seconde avant la limite."

Les "deux semaines" de réflexion tournent court

Quelle est la limite? Le jeudi 19 juin, Donald Trump situe son horizon calendaire dans les quinze jours "compte-tenu du fait qu'il y a une possibilité substantielle de négociations éventuelles avec l'Iran dans le futur proche". "Je prendrai ma décision sur le fait d'y aller ou non au cours des deux prochaines semaines", clame le président américain.

Il n'aura pas fallu deux semaines mais deux jours pour que Donald Trump "y aille". Après avoir envoyé des avions B-2 larguer des bombes sur les installations iraniennes de Fordo, Natanz et Isphan, il met en garde Téhéran: "Les prochaines attaques seront bien plus importantes, et bien plus faciles" si l'Iran ne fait pas la paix.

En décidant de frapper l'Iran, Donald Trump prend un risque. Celui de voir des cibles américaines devenir à leur tour une cible, d'abord. Puis celui de créer des dissensions au sein de son parti, entre héritiers des faucons néo-conservateurs partisans de l'interventionnisme et fervents membres du mouvement MAGA qui ont fait de l'isolationnisme l'alpha et l'omega de la politique internationale.

Selon un sondage Economist/YouGov publié mardi, 53% des républicains interrogés disaient s'opposer à une implication des États-Unis, ce chiffre montant à 60% chez les Américains, toutes tendances politiques confondues.

Vincent Gautier