BFMTV
États-Unis

Sites nucléaires visés, bombes anti-bunker... Ce que l'on sait des frappes américaines menées en Iran

placeholder video
Les États-Unis ont mené dans la nuit de samedi à ce dimanche 22 juin des frappes contre trois sites nucléaires iraniens. Ces attaques "auront des conséquences éternelles", a mis en garde Téhéran.

Donald Trump n'a pas attendu la fin de ses deux semaines de réflexion pour décider d'intervenir en Iran. Après des jours de flou, les États-Unis ont attaqué ce dimanche 22 juin trois sites nucléaires iraniens dans une opération appelée "marteau de minuit". Selon Donald Trump, ces frappes ont "complètement détruit" les capacités d'enrichissement d'uranium du pays.

• Les sites d'Ispahran, de Natanz et de Fordo visés

Selon Donald Trump, une "charge complète de bombes" a été larguée sur trois des principaux sites nucléaires iraniens: Ispahan, Natanz et Fordo.

Construite en violation des résolutions de l'ONU, l'installation souterraine de Fordo (centre) a été présentée par Téhéran comme une usine d'enrichissement d'uranium à taux élevé pouvant accueillir quelque 3.000 centrifugeuses. C'est là qu'avaient été détectées début 2023 des particules d'uranium enrichies à 83,7%. L'Iran avait invoqué des "fluctuations involontaires" au cours du processus d'enrichissement.

L'usine de Natanz, au centre du pays, est sans doute le plus connu des sites nucléaires iraniens. Son existence a été révélée en 2002. Elle compte deux bâtiments, l'un souterrain, l'autre en surface, pour un total de près de 70 cascades de centrifugeuses - soit plus de 10.000 de ces machines utilisées pour enrichir l'uranium.

L'installation d'Ispahan est pour sa part une usine de conversion. Elle permet de produire des gaz nécessaires à l'enrichissement d'uranium.

Après ces frappes, l'Agence internationale de l'énergie atomique a annoncé sur son compte X qu'"aucune hausse des niveaux de radiation n'a été signalée" aux abords des trois sites nucléaires iraniens visés. Des médias iraniens ont par ailleurs confirmé ces attaques, qui n'ont pas fait de victimes selon le Croissant-Rouge iranien.

• Des avions furtifs et des bombes anti-bunker

Donald Trump n'a pas donné de détails sur les armes utilisées pour frapper le programme iranien. Mais compte tenu de la configuration souterraine de Fordo, des bombes anti-bunker de type GBU-57 ont probablement été larguées. Ces ogives de 13 tonnes peuvent s'enfoncer jusqu'à 60 mètres de profondeur avant d'exploser, d'après l'armée américaine.

Elles se distinguent en cela de la plupart des missiles ou autres bombes, qui détonent à l'impact. Le test de ces armes a débuté en 2004 et Boeing a remporté en 2009 un contrat pour les monter sur des avions.

Le chef d'état-major américain Dan Cain a indiqué ce dimanche en conférence de presse que sept bombardiers furtifs B-2 ont été utilisés dans l'opération. Ces avions peuvent voler sur 9.600 kilomètres sans ravitaillement et sont faits pour "pénétrer les défenses de l'ennemi les plus sophistiquées et menacer ses cibles les plus importantes et les plus solidement défendues", d'après l'armée américaine.

Le modèle B-2 a été montré au public pour la première fois en 1988, avant de voler l'année suivante et d'être livré à l'armée en 1993. Il a été déployé contre les forces serbes dans les années 1990, faisant l'aller-retour entre le Missouri et le Kosovo sans s'arrêter. Puis lors des guerres d'Afghanistan et d'Irak dans les années 2000.

• Pour Trump, "l'heure de la paix a sonné"

Après les frappes américaines, l'Iran doit "maintenant accepter de mettre fin à cette guerre", a estimé Donald Trump, lançant: "L'HEURE DE LA PAIX A SONNÉ". Il a ensuite affirmé, lors d'un discours à la nation, que toutes les installations d'enrichissement nucléaire de l'Iran étaient "complètement détruites".

"Rappelez-vous qu'il reste de nombreuses cibles, celle de ce soir était de loin la plus difficile de toutes (...). Mais si la paix ne vient pas rapidement, nous viserons ces autres cibles avec précision, rapidité et compétence", a-t-il averti.

Israël a de son côté remercié le président américain d'aider à "la paix par la force", son Premier ministre Benjamin Netanyahu voyant le Moyen-Orient à un "tournant historique". Il a également affirmé que l'attaque américaine s'était faite "en parfaite coordination" avec Israël.

Concernant la réussite ou non de l'opération, l'armée israélienne a simplement indiqué "vérifier" les résultats du bombardement du site profondément enfoui de Fordo.

• L'Iran menace de "conséquences éternelles"

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est inquiété d'une "dangereuse escalade" représentant une "menace directe à la paix et à la sécurité dans le monde".

Les attaques américaines "n'arrêteront pas" les activités nucléaires de Téhéran, a réagi pour sa part l'agence atomique iranienne, qui les a qualifiées d'"acte barbare".

"Les événements de ce matin sont scandaleux et auront des conséquences éternelles", a surenchéri le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, sur X, dénonçant le "comportement extrêmement dangereux, anarchique et criminel" des États-Unis. "L'Iran se réserve toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple", a-t-il ajouté.

Quelques heures après les frappes, Téhéran a lancé une nouvelle salve de missiles visant Israël. Des fortes explosions ont notamment été entendues à Jérusalem et à Tel-Aviv et au moins 23 personnes ont été blessées dans le pays, selon le Magen David Adom, un équivalent israélien de la Croix-Rouge.

Vincent Gautier avec AFP